mardi 4 novembre 2014

Les fonds de tiroir

Il y a un de mes premiers manuscrits. Un vrai "manuscrit", au sens de "écrit à la main" : une petite écriture ronde dans un cahier d'écolier petit format, avec sur la couverture la photo d'une plage. J'avais collé au-dessus de cette photo une étiquette avec mon nom et le titre de mon roman. Car oui, c'était bien un roman : une oeuvre ambitieuse dans laquelle je m'étais lancée, du haut de mes 11 ans. Une histoire de petite fille qui se découvrait sorcière et testait avec excitation ses pouvoirs magiques. C'était bien avant Harry Potter pourtant ! Je crois me souvenir que je voulais offrir mon roman à mes parents pour Noël. Mais ma petite sorcière n'a jamais connu la fin de ses aventures. C'était mon premier roman inachevé.
 
Plus tard, il y a eu des nouvelles écrites sur mon premier ordinateur. En un sens, l'informatique a donné un beau coup de pied à mon inspiration d'apprenti écrivain. Imaginez : grâce au traitement de texte, on pouvait écrire, effacer, réécrire, recommencer, barrer, changer des mots, des phrases, des pages... et au final on avait toujours un texte miraculeusement propre ! Adieu crayon à papier et papier troué par le grattement de la gomme ! Une nouvelle dimension était née : celle des textes dématérialisés, qui existent sur un écran lumineux, puis sur une disquette que presque plus aucun appareil ne peut lire aujourd'hui, et qui font parfois des sorties sur de grandes feuilles A4.
Parmi ces nouvelles, certaines ont eu quelques lecteurs. Petit cercle intime : "tiens, j'ai écrit ça, tu veux lire ?" D'autres ont un peu voyagé dans de grandes enveloppes kraft pour participer à des concours et, pour certaines, remporter des prix. Bien d'autres, cependant, sont restées orphelines de lecteurs. Je n'y croyais pas assez pour les faire lire à quelqu'un ou je ne savais pas vraiment quoi en faire. Ces textes existent peut-être encore quelque part, imprimés en "Times New Roman 12, interlignage simple" sur des feuilles agrafées et oubliées dans une pochette cartonnée. Mais avec les déménagements successifs, j'ai oublié où j'ai rangé mes premières tentatives littéraires.
 
Et puis il y a eu tous ces projets d'albums que j'ai lancés. Des textes parfois sans titre (le nom du fichier était alors la première lettre du texte). Des textes parfois sans chute. Des textes souvent sans avenir. Beaucoup de ces textes ont fait le tour des éditeurs parisiens, voyageant sur le réseau internet, et revenant dans un mail sur lequel se trouvait la phrase fatiditique commençant par "Nous sommes au regret de vous informer...". Un certain nombre d'entre eux se sont prolongés dans des images - enthousiasmants projets lancés en binômes de part et d'autre d'un écran d'ordinateur. Joie de ne plus être seule, excitation de créer à deux, espoir de voir l'histoire naître avec encore plus de force. D'autres textes, enfin, ont trouvé un parent d'adoption - éditeur courageux ou insouciant prêt à transformer les mots nus dans un livre imprimé.
 
Voilà un moment que je pense à tout cela lorsque je regarder le dossier "Nouvelles et romans" de mon ordinateur. J'ai envie de rendre hommage à tous ces textes que j'ai écrit et qui, souvent, sont morts nés. J'ai envie de racler les fonds de tiroir et de retrouver ces textes oubliés. Pour oser vous les montrer. Pour leur donner un prolongement dans un regard de lecteur. Pour peut-être donner envie de les rescuciter dans des projets d'illustrations ?
 
A suivre, donc, dès que j'ai un moment pour faire de l'archéologie dans mon ordinateur : je vais vous monter mes fonds de tiroir...
 

1 commentaire:

Rebz a dit…

Il doit y avoir des trésors c'est sûr !