L'autre jour, alors que je rendais ma pile (énorme) de livres empruntés à la bibliothèque, je lâche à la bibliothécaire une petite phrase sur l'album Là où vont nos pères (dont j'ai parlé ici) : "c'est absolument génial !". La jeune femme me répond : "savez-vous que l'auteur, Shaun Tan, a écrit un autre album, plus destiné aux enfants, traitant de la dépression et des idées noires ? Le livre est classé à la lettre T, dans la salle des albums".
Ni une ni deux, j'ai couru à la salle des albums, au rayon des T et j'ai trouvé L'arbre rouge. J'ai attendu d'être à la maison pour ouvrir le livre et le savourer.
"Savourer" est bien le mot, car cet album est magnifique ! Pourtant, le thème peut paraître noir. Voici le texte des trois premières pages de ce récit écrit à la seconde personne du singulier :
"La journée commence parfois sans rien d'intéressant à l'horizon
et les choses vont de mal en pis
l'obscurité s'abat sur toi..."
Il s'agit en effet d'un texte sur ce petit rien qui attrape au réveil et semble ne vouloir vous quitter de la journée, vous serrant à la gorge et vous laissant implacablement seul et démuni. Il y a des jours où le monde paraît absurde, oppressant comme une "machine sourde", et tout paraît aller de travers. Pourtant, les journées qui commencent mal ne se terminent pas forcément comme on s'y attendrait : une petite graine vient illuminer le jour et sait rendre le sourire.
Shaun Tan met des mots et surtout des images sur ce sentiment de vague à l'âme qui, pourtant, semble si souvent être à la frontière du langage. Les doubles pages de l'album sont étonnantes, aussi merveilleuses que des tableaux, tant elles fourmillent de détails et tant les couleurs sont parfaitement maîtrisées. Les illustrations dessinent un monde étrange et étranger, qui a parfois des allures de science-fiction, avec des animaux merveilleux (le poisson géant qui rappelle l'univers de Là où vont nos pères) et des espaces clos et hermétiques, où le chaos semble l'emporter sur la raison. Les teintes utilisées sont chaudes, dessinant des ambiances assez noires.
Pourtant une couleur d'un rouge chatoyant gagne peu à peu l'espace de la page, redonnant espoir au personnage de l'histoire, figuré par une petite fille aux cheveux roux.
Tous les livres de Shaun Tan ne semblent pas avoir été traduits en France. J'ai pourtant bien envie de les découvrir tous ! Pourquoi des éditeurs comme La compagnie créative ne pubilent-ils pas cet auteur australien en France ? Ah, si j'étais éditeur responsable des co-éditions...
- Le site de Shaun Tan
- Une jolie critique sur le site de Morgan (avec plein de photos des pages, dont une empruntée ci-dessus)
4 commentaires:
Merci! J'aime le gout de cet éditeur. Les textes (aussi)sont toujours trés forts.
Je connaissais de loin Shuan Tan et je dois dire que je suis soufflée par autant de talent.
C'est une belle découverte !
J'ai vu qu'un troisième livre de cet auteur avait été traduit en français (chez Gallimard)... j'ai bien envie de me l'offrir !!
ça me donne envie de découvrir ce livre, j'ai adoré "Là où vont nos pères" aussi... faut que je trouve ce livre !!!!
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