J'ai commencé ce doudou il y a près de trois mois. Le modèle n'était pas très compliqué, mais il n'était pas si facile à réaliser car le patron et les explications venaient d'un livre japonais... et donc tout était écrit en japonais ! J'ai analysé les dessins annotés, essayé de reconnaître les idéogrammes étranges qui les accompagnaient et coupé les pièces dans un joli tissu japonais.
J'avais presque fini, mais au moment de monter la tête du petit lapin, monsieur Moun qui regardait sur mon épaule s'est exclamé : "mais tu t'es trompée, tu n'as pas cousu les morceaux dans le bon sens !" En effet, la tête du lapin avait deux pointes de chaque côté, comme si l'animal avait attrapé une mauvaise bosse. En râlant un peu, j'ai tout démonté et j'ai cousu à nouveau les bouts de tissu, brodant pour une seconde fois des yeux et un museau. Mais au moment de fixer la tête sur le corps, monsieur Moun, qui passait à nouveau la tête sur mon épaule, s'est une nouvelle fois exclamé : "mais tu t'es encore trompée !" En effet, avec mon aiguille à la main j'avais eu la tête en l'air... et mon lapin avait la tête à l'envers !Je n'ai pas eu le courage de tout recommencer une nouvelle fois. Alors, depuis décembre, mon lapin japonais est guillotiné. Il n'a plus qu'à se balader avec la tête sous le bras... en espérant qu'un insolent chat ne vienne pas faire valdinguer sa petite tête sous le canapé du salon.
Bien des textes que j'écris sont un peu comme la tête de ce lapin japonais : un peu ratés, pas vraiment d'aplomb et éternellement en attente des retouches essentielles qui lui permettraient d'inscrire le mot "FIN" au-dessous de la dernière phrase.
Souvent, j'écris mes textes d'un seul trait. Dans l'écriture, je jubile et j'arrête sinon de respirer, du moins de penser et surtout de juger. Je sais que si je veux continuer d'écrire, je dois faire taire la méchante voix critique qui sommeille en moi. Si jamais elle ose venir dire un mot, je lui crie "Tais-toi !" et je me bouche les oreilles pour mieux continuer à écrire malgré tout. Mais une fois la dernière phrase écrite, quand vient le moment de la relecture, la voix revient. Elle dit "c'est nul". Elle dit "tout est à refaire". Elle dit "c'est vraiment n'importe quoi". Mais elle ne dit pas ce qui, concrètement, ne va pas. Elle se contente de critiquer sans donner d'aide.
Alors je me retrouve face à un texte que je juge tout de travers... et je ne sais pas quoi faire. Je n'ai pas le courage de tout recommencer. J'ai un peu peur qu'en refaisant tout, tout s'écroule. Et puis aussi je manque un peu de courage. Alors, je ne fais rien. Mon texte reste bancal. Et je l'oublie sur un coin du bureau, sous une pile de dossiers.
C'est dommage, je sais. Mais je crois que le plus important dans l'écriture n'est pas tant le talent que la confiance en soi. Lorsqu'on n'a pas confiance en soi, n'est-on pas son plus inquiétant ennemi ?
5 commentaires:
Halala, je me reconnais trop dans ce que tu écris!! Je crois qu'ils appellent ça un "inner editor" ou un truc comme ça. C'est la petite voix qui te dis que ce que tu fais est nul! Ils ont même créé des peluches pour ça que tu peux massacrer pour éviter de les écouter!!^^
Ah ah, je veux une de ces peluches ! Et chez moi, c'est pas une petite voix, mais une très grosse voix !!
Coucou!
C'est rigolo cette histoire de doudou sans tête, la Tim Burton touch ^^!
C'est peut-être un début d'histoire jeunesse, un doudou qui a perdu sa tête, ou qui n'a jamais eu la tête sur les épaules ^^ (jolie métaphore).
A creuser peut-être?
Merci d'être passée sur mon blog ;-).
Ah oui au fait, c'est quoi ce site de Lille 3 sur la littérature jeunesse? je ne connais pas...
Lille 3 est une université qui donne une formation en lien avec la littérature pour la jeunesse. On y trouve plein d'infos intéressantes, rédigées par les étudiants !
Sinon, le doudou qui n'a pas la tête sur les épaules, c'est une super idée ! Je vais creuser ça !
Il y a aussi les expressions " tête en l'air " et " la tête dans les nuages (ou étoiles) " qui pourraient convenir à ce doudou... plus poétique je trouve ^^.
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