"La petite Sirène", "Le vilain petit canard", "La petite fille aux allumettes", tout le monde connaît, me direz-vous ? Oui, tout le monde croit connaître. Mais relire ces histoires dans leur texte d'origine (et non dans une adaptation plus ou moins fidèle) et à l'âge adulte change vraiment la vision qu'on peut avoir de ce grand auteur. Il y a chez Andersen une gravité, une nostalgie, une tristesse même que mes souvenirs d'enfant ne soupçonnaient pas. Un bon nombre de ses contes se terminent par la mort du personnage principal ("L'intrépide soldat de plomb", "La petite Sirène"). Tout n'est pas rose dans le monde construit dans ces contes. Au contraire, l'existence est souvent tragique et les princes se marient rarement avec les princesses. En même temps, il y a dans ces contes de nombreuses et longues descriptions qui fabriquent un univers féerique et onirique hors du commun. J'ai été ainsi étonnée par les nombreux détails décrivant le monde marin dans "La petite Sirène" ou encore "Le grand serpent de mer", autre conte marin peu connu. Le vocabulaire est précis (les adjectifs abondent) et Andersen nous transporte dans un monde imaginaire où les lois ne sont plus les mêmes que celle du monde bien réel : les jouets prennent vie ("L'intrépide soldat de plomb"), les fleurs dansent ("Les fleurs de la petite Ida") ou encore les ombres viennent prendre la place de leur propriétaire ("L'ombre", un de mes contes préférés - presque une nouvelle).
Il y a également une grande variété dans le style des histoires. "Les habits neufs de l'empereur" ou "Hans le balourd" se passent dans la campagne et font preuve d'une vraie ironie dans laquelle se cache une petite critique de la société des riches.
Je n'ai plus qu'une envie : acheter l'oeuvre complète et lire tous les autres contes, beaucoup moins connus. J'ai de quoi faire : Andersen en a écrit 164 !
La vie d'Andersen en elle-même est fascinante. Le musée d'Odense, sa ville natale, que nous avons visité, la retrace de façon détaillée.
Andersen est issu d'un milieu pauvre : son père est cordonnier, sa mère blanchisseuse. Il arrête l'école à 11 ans, à la mort de son père. Rien, donc, ne le prédestinait à réussir, à une époque où la mobilité sociale n'existait pas vraiment. Andersen, adolescent, monte à Copenhague, tente de devenir acteur, mais il n'arrive pas à percer dans le milieu du spectacle. Il faut dire qu'il a un physique atypique : très grand, très mince, vraiment pas dans les critères de beauté de l'époque. Alors, à 17 ans, il décide d'arrêter tout et de reprendre le chemin de l'école. Pas facile de s'intégrer dans une classe où les élèves sont plus jeunes et se moquent de vous !
Puis il commence à écrire. Des pièces de théâtre, des romans... et cela marche plutôt bien ! En 1835 - il a trente ans -, il publie un recueil de contes. Il ne le destine pas particulièrement aux enfants. Il n'a pas même d'ailleurs l'idée d'écrire pour les enfants : il a juste envie de s'amuser avec des petites histoires qui lui passent par la tête. Contre toute attente, ces contes ont un succès retentissant - un succès qui dépasse clairement les frontières du Danemark et ne va pas tarder à le rendre célèbre dans toute l'Europe. Face à l'accueil enthousiaste du public, il continue d'écrire des contes, tout en voyageant beaucoup. On oublie vite qu'Andersen était d'abord un romancier et un dramaturge...
Bon, j'arrête de vous ennuyer avec ma mini-biographie ! J'espère au moins vous avoir donné l'envie de redécouvrir Andersen !
- En cliquant ici, vous pourrez lire quelques contes.
- Et si vous préférez qu'on vous lise les contes, plutôt que de les lire, cliquez ici (quelques contes en format MP3 sur l'excellent site Littérature Audio.com).
- Pour voir quelques uns des dessins et des papiers découpés d'Andersen, cliquez ici (car Andersen n'était pas seulement un écrivain !).
PS : les photos "penchées" ont été prises à Odense. La seconde photo représente la rue dans laquelle se trouvait la maison natale d'Andersen.
1 commentaire:
Coucou ! J'ai toujours adoré Hans Christian Andersen. Il y a quelque chose de tragique dans ses contes, tu l'as bien dis. J'ai grandi avec ses contes et je me posais beaucoup de question après chaque lecture de ses livres. Merci d'avoir lui rendu l'hommage !
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