Il y a quelques temps a été lancé le projet "Un enfant, une histoire". Chaque enfant d'une classe de CP d'Alsace, à Woerth, a donné une idée d'histoire... qu'illustrateurs et auteurs étaient libres d'attraper au vol pour composer une jolie histoire originale et surtout personnalisée.
Estelle et moi avons d'emblée été séduites par l'idée du petit Thibaut. Cette idée tenait dans une phrase :
"C'est l'histoire d'un petit garçon qui va à la bibliothèque."
Avec cette phrase, le principe de départ était donné. Y'avait plus qu'à ! Sauf que les idées ne viennent pas comme ça, d'un claquement de doigts. Il faut les laisser lentement mûrir. Comme un bon fruit, comme un bon vin.
Alors j'ai recopié la phrase de Thibaut dans mon carnet d'idées. Mon carnet d'idées est un beau carnet bleu, dont la couverture est adaptée de l'album Le voleur et le magicien, édité chez Gautier-Languereau. Depuis quelques mois, je le trimballe partout dans mon sac à main et, dès qu'une idée surgit, hop, je la note en me disant, "tiens, peut-être que j'en ferai quelque chose un jour !"
Mon carnet d'idées
Parfois, il faut attendre des mois, voire des années, pour qu'une idée surgisse et surtout prenne l'ampleur qui pourra la transformer en histoire. Pour l'histoire de Thibaut, c'est venu très vite. Sans doute à cause du sujet lui-même : les bibliothèques !
Car je m'y connais en bibliothèques ! Lorsque j'étais petite, mes parents achetaient très peu de livres. Mais j'étais une grande lectrice (avant même de savoir lire), car, depuis mon plus jeune âge, mes parents m'amenaient à la bibliothèque. Ils me laissaient en bonne compagnie avec un livre, du côté des enfants, et allaient fureter de l'autre côté, dans la section "adultes". Je me sentais chez moi à la bibliothèque et j'aimais faire mille et une découvertes, navigant entre les livres, rêvant derrière les images et les mots.
Lorsque Thibaut a "commandé" l'histoire d'un petit garçon allant dans une bibliothèque, j'ai aussitôt pensé à moi, petite fille passant mes mercredis après-midis sur les grands coussins de la bibliothèque. C'était une évidence. Mais je me suis dit ensuite : est-ce que Thibaut aime aller à la bibliothèque ? Peut-être n'est-ce pas si sûr... Je connais quelques enfants et encore plus d'adultes qui s'ennuient dans les bibliothèques ou même ont peur, parce que, c'est vrai, parfois les livres font peur - souvent parce qu'on les associe à l'idée de devoir et de contraintes.
Donc, il me fallait écrire l'histoire d'un petit garçon pour qui la fréquentation joyeuse des bibliothèques n'allait pas de soi. Mais comme j'aime les livres et comme j'aime aussi les histoires qui finissent bien, il fallait qu'il arrive au jeune Thibaut quelque chose de fantastique dans cette bibliothèque. Quelque chose qui lui donne envie de revenir souvent parmi les rayons de la bibliothèque.
Alors j'ai cherché... Le soir, avant de dormir, je pensais à Thibaut dans sa bibliothèque. Qu'est-ce qui pouvait bien lui arriver ? Je cherchais... et du coup, pendant deux ou trois soirs j'ai eu du mal à m'endormir !
Ce que je voulais montrer, c'est que les livres semblent parfois être vivants. Au sens propre. Alors je me suis mise à imaginer que les personnages des livres pouvaient sortir de leur enveloppe de papier. Qu'arriverait-il dans la bibliothèque si les personnages qui se cachent dans les pages devenaient des personnes de chair et de sang ? Au début, j'ai voulu faire vivre ainsi toute une foule de personnages - Peter Pan, David Coperfield, La Belle au bois dormant... Et puis je me suis dit que cela ferait peut-être trop et surtout que Thibaut, à 6 ans, ne connaîtrait pas tous ces personnages de la littérature. Il fallait trouver un héros connu de Thibaut et de ses camarades. Alors j'ai pensé à des personnages de contes, et surtout à l'un de mes personnages préférés, que je connais très bien pour l'avoir fréquenté assidûment lors de mes études universitaires : le Petit Chaperon rouge bien sûr ! Je me suis dit que c'était cette petite fille, mignonne et un peu espiègle quand même, qui allait devenir dans mon histoire le "passeur" permettant de franchir le seuil de la réalité pour emmener Thibaut de l'autre côté du miroir des livres.
Les idées se sont enchaînées ensuite quasiment toutes seules. J'ai pensé "chaperon rouge" et donc j'ai pensé également "grand méchant loup". Et puis j'ai pensé à un voyage. Je me suis rappelé que lorsque j'avais l'âge de Thibaut j'adorais écouter le vieux 45 tours qui racontait l'histoire de L'île aux trésors. Alors j'ai pensé à un trésor, à des pirates, à une mer déchaînée, à une île secrète. Et puis, il y avait la phrase "de l'autre côté du miroir" qui me revenait sans cesse. Alors, forcément, j'ai pensé à Alice aux pays des merveilles. Je me suis demandé si Thibaut avait déjà fréquenté la petite Alice, mais je me suis dit que, même s'il ne connaissait pas le roman de Lewis Caroll, la petite fille ferait un parfait double inversé du petit chaperon rouge : le chaperon rouge avait permis à Thibaut de passer du côté du monde des livres... et Alice permettrait exactement l'inverse - retourner dans le monde supposé bien "réel" !
Voilà, un soir d'insomnie, à minuit et quelques, j'avais mon histoire ! Cette fois-ci, y'avait vraiment plus cas l'écrire !
Le lendemain matin, j'ai ressorti mon carnet d'idées. Et j'ai noté la trame de l'histoire que j'avais imaginée. Il y avait encore des points d'interrogation. Mais sur le papier, tout avait l'air de s'enchaîner à peu près bien...
Mon brouillon
A suivre...
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