Cet hiver, j'ai écrit un petit roman policier d'environ 70 000 signes pour les 8-12 ans... en seulement quinze jours ! Oui, je sais, même moi je n'en reviens pas !
Bon, je vous raconte ?
Un soir, je reçois un mail. Une certaine Isabelle me présente l'entreprise qu'elle a créée, Happy Kits, et me dit qu'elle recherche un auteur jeunesse pour nourrir un de ses projets. Je vais sur le site de
Happy Kits et je suis tout de suite charmée par le concept innovant de cette petite entreprise et par le dynamisme de sa créatrice.
Happy Kits propose des jeux scénarisés et personnalisés à imprimer pour s'amuser lors d'un événement particulier : par exemple une chasse au trésor pour animer un goûter d'anniversaire ou une "murder party" pour pimenter une soirée entre amis. L'un des types de kits "printable" proposés est les "
histoires (ré)-créatives" : chaque semaine, votre enfant reçoit une lettre qui lui est adressée l'invitant à participer à une enquête pleine de rebondissements. En plus de l'histoire, le petit lecteur trouve dans le courrier des "do it yourself" sous forme de petits bricolages et d'énigmes.
Intéressante comme idée pour faire lire les enfants et les impliquer dans la lecture, n'est-ce pas ?
Bref, le concept me plaît. Je réponds à Isabelle qui m'explique tout ça par téléphone et qui me propose de faire un petit essai. Ce soir-là, ça carbure dur dans ma tête. J'ai les éléments clés à développer : deux héros destinés à devenir des personnages récurrents - Valentin et Elsa - et un thème - la magie. Voilà un des moments de la création que je préfère : celui où on laisse libre court à son imagination pour en sortir des idées (ou plutôt pour laisser les idées sortir d'elles-mêmes car à vrai dire on ne les contrôle pas vraiment).
"Magie" : le thème est lancé. Je pense à la soirée inoubliable de mariage de nos potes C. et C. durant laquelle un déplorable magicien avait raté absolument tous ses tours (dix ans plus tard, on en parle encore en se tapant les cuisses !). Je pense à une petite souris qui sort d'un chapeau et s'enfuit sous les meubles jusqu'à la cuisine. Je pense au personnage d'une grand-mère nommée Mamika, parce qu'à mon cours de danse il y a une dame qui s'appelle "Mamika" et que j'adore la sonorité de ce nom. Je pense à un vol d'alliances et j'imagine combien j'aurais été effondrée si j'avais été à la place de la future mariée. Et je me souviens avec émotion du coffret de magie Mickey que j'avais reçu à Noël pour mes 9 ans et des spectacles de magie que j'avais imposés prodigués à mes parents. Et voilà, banco, j'ai une première trame de mon histoire !
J'envoie mon synopsis à Isabelle. Elle me répond "banco !". Et puis elle ajoute : "on n'a pas beaucoup de temps. Es-tu prête à me rendre l'histoire entièrement rédigée d'ici la fin du mois ? " On est en février et je croule sous le boulot. C'est tout à fait irraisonnable. Mais ce n'est pas grave, j''aime bien les défis. Je dis "OK !" Et puis j'ajoute : "pour développer un scénario et rédiger, pas de problème. Mais inventer des énigmes, je n'ai jamais fait ça...". Isabelle me répond : "pas de problème, moi des idées d'énigmes j'en ai pleins !"
Commence alors la phase de mise en place du synopsis détaillé. D'habitude, j'écris seule dans mon coin, partageant mes idées... avec moi-même. Là, on est deux... et ça change tout ! Isabelle a des méthodes de travail rigoureuses. Elle m'envoie un tableau Excel et me propose de le compléter. Je n'ai jamais fait de plan de roman à coup d'Excel. Dans un premier temps, je suis même perplexe : comment faire rentrer les idées mouvantes et impalpables dans les cases d'un tableur ? Mais en fait, j'entre tout de suite dans le jeu. La rigueur d'Isabelle me plaît car elle ressemble un peu à la mienne tout en étant différente. Je commence à remplir mes cases. Quand je suis bloquée, je renvoie le fichier à Isabelle qui rebondit sur mes idées, les complète ou les modifie. Et à son tour je reprends ses idées pour de nouveau les polir encore un peu plus et leur donner vie.
En parallèle, je dévalise le rayon "magie" de ma bibliothèque municipale. Je découvre Robert-Houdin et ses suspensions éthéréennes, Harry Houdini le roi de l'évasion, le close-up et la technique de l'empalmage. Je regarde des spectacles de magicien sur Youtube et j'embauche la Sardine pour répéter avec elle des tours de cartes (bon, bon, une chose est sûre : je ne suis pas douée !).
Au bout de quelques jours, ça y est, on tient l'intrigue ! Le top départ est commencé : la phase 2 commence. Celle du plaisir de se laisser prendre la main par mes petits personnages, Valentin et Elsa. Les autres personnages viennent me chercher, m'offrant au passage quelques petites insomnies quand l'un d'eux me résiste : la Comtesse Chantal de Laparre de Kelkin la belle-mère "prout prout ma chère", le vieux magicien Stanislas avec son accent polonais à couper au couteau, l'énergique Mamika avec son franc-parler et ses tenues loufoques... Je les adore, mes personnages, et je suis contente de cheminer à leur côté.
Ouf, j'ai pondu mes pages dans les délais ! Isabelle me relit et on fignole le texte. Puis la phase 3 peut commencer. Elle ne m'appartient plus tout à fait. C'est l'étape des illustrateurs,
Solenne et Thomas, qui donnent des visages à mes personnages. En parallèle, Isabelle conçoit avec les graphistes les DIY.
Je relis tout ça. C'est chouette, le projet prend forme. Rififi et magie au château Boghant est né !
Et voilà, maintenant, c'est la phase 4 : la vôtre !
Si vous faites cette "happy expérience", n'hésitez pas à venir m'en parler ici !
Bonne lecture !