vendredi 30 octobre 2009

Le petit poisson de Brune

Finalement, j'ai choisi la troisième option et j'ai mis en ligne mon texte pour le "Projet 7 Tandem Jeunesse" ! Le texte peut être lu ici (pour ceux qui sont inscrits au projet).
Voici ci-dessous le début du texte... Ceux qui veulent connaître la suite peuvent m'envoyer un petit mail !


Le petit poisson de Brune

Brune aime sentir l’odeur du clafoutis aux cerises de Maman qui cuit dans le four et croquer dans les grosses frites salées de Mamie.

Brune aime plonger dans l’océan, se laisser flotter à la surface de l’eau et regarder les nuages qui défilent dans le ciel.

Brune aime grimper sur les genoux de Maman et l’entendre lui murmurer à l’oreille « Ma toute petite ». Elle aime se serrer dans les bras de Papa et l’écouter l’appeler « Mon petit bébé ».

Dans deux mois, ce sera l’anniversaire de Brune.

− Une année de plus pour ma toute petite ! soupire Maman en mettant sa tarte dans le four. Dis-moi, je vais devoir t’appeler maintenant « Ma toute grande » !

Maman s’assoit, essaie de hisser Brune sur ses genoux.

− Ah, ma toute grande, tu es devenue trop lourde, je ne peux plus te porter !

À défaut de donner un câlin, Maman dépose un bisou sonore sur le front de Brune. Puis son regard semble se perdre dans le vide, loin, très loin dans le passé. Mais très vite, ses yeux reviennent se poser sur Brune.

− Tu veux une cerise, ma grande ?

De la tête, Brune fait non.

− Non, dit Brune, je n’ai pas faim…

Cet après-midi, à la plage, Brune s’est assise sur son rocher préféré. Longtemps elle a regardé ses jambes remuer l’eau transparente de l’océan. Puis elle a plongé dans l’eau.

Il y a du vent aujourd’hui. Comme les nuages défilent vite dans le ciel ! Brune ferme les yeux. Elle sent son corps flotter doucement au fil de l’eau, délicatement remué par les petites vagues.

Mais une vague plus forte vient secouer Brune. La fillette tousse. Elle a avalé un peu de mer. Juste un petit peu. Juste assez pour sentir sur ses lèvres la saveur salée de l’océan.

Brune nage jusqu’à son rocher. Elle se laisse sécher au soleil. Puis elle oublie.

Depuis qu’elle est rentrée de la plage, Brune a une drôle de sensation au fond du ventre. Dans le miroir de la salle de bain, elle se regarde. Mais on dirait que ça bouge, là dedans ! Brune pose les mains sur son ventre. Là, sous la peau, ça fait des vagues. Là, dans le ventre, ça fait des plongeons. Là, derrière le nombril, ça fait des bulles.

Là, dans le ventre de Brune, il y a un petit poisson !

Un poisson tout tout petit. Oh, encore bien plus petit qu’une sardine, c’est certain ! Un poisson qui nage en rond et fait des bonds dans son estomac. Un poisson secret qui ne se laisse pas facilement attraper.

− Bonjour, petit poisson ! dit Brune, un peu intimidée.

Le poisson ne répond pas. Mais Brune entend dans son ventre un petit « splach ! »

Brune sourit.

− Petit poisson, es-tu gentil ?

Le petit poisson ne répond pas. Mais Brune le sent tourner dans son ventre. Il tourne en rond. Brune ne sait pas pourquoi, mais cela la rassure, cette étrange présence au fond d’elle-même.

− Petit poisson, tu es mon secret !

Brune a décidé. Elle ne parlera à personne du poisson qui nage en rond au fond de son ventre.


[...]

lundi 26 octobre 2009

Sans gourmandise

Il y a quelques semaines, je me suis inscrite au Projet 7 "Tandem Jeunesse", m'engageant ainsi à écrire un texte sur le thème voté "Cuisines et gourmandises". Le projet est joli, puisqu'il s'agit de mettre en rapport des illustrateurs et des auteurs pour créer des histoires autour du thème choisi.
Le texte est à rendre samedi prochain. Alors dimanche dernier, je me suis dit que c'était le moment où jamais de me mettre à l'écrire (car en semaine, après les journées passées au bureau, mon cerveau ressemble à de la guimauve).
Je me suis installée devant mon ordinateur, négociant avec le chat pour qu'il vienne me servir de chaufferette (mais le traite a refusé, pfff). J'ai ouvert un fichier Word. Et j'ai regardé la page blanche :

Mots, où êtes-vous ? Où vous cachez-vous ? Une demie heure plus tard, les quelques mots que j'avais déposés sur mon fichier avaient été effacés par la touche "Suppr", ne franchissant pas la barrière de mon jugement.
Donc une demie heure plus tard, ma feuille blanche continuait de me fixer avec une effronterie insoupçonnable :
Mais au bout d'une heure, j'en avais marre d'attendre que ça vienne. Alors j'ai mis un bon coup du droit à ma conscience-jugement pour qu'elle se taise et, en quelques heures, j'ai écrit mon texte. Un texte que je retournais dans ma tête depuis plus d'un mois. Un texte fragile et un peu bancale comme son héroïne.
...Mais aussi un texte qui ne cadre pas avec le sujet ! Un texte que monsieur Moun a jugé dérangeant. Et, au vu de sa moue, cela ne semblait pas du tout être un compliment !

C'est que le thème ne m'inspire pas (vraiment pas). Lorsque j'étais enfant, je n'étais pas gourmande. Je n'aimais rien (pas les oignons, pas les tomates farcies, pas le petit salé aux lentilles, pas l'ail, pas les épinards, pas les champignons, pas les endives... et j'en passe) et il fallait toujours me faire des plats spéciaux, juste pour moi (du couscous avec que de la semoule, sans sauce ni légumes ; des spaghettis bolognaises sans sauce tomate, etc.). Aujourd'hui, j'ai appris à éduquer cultiver mon sens culinaire. Mais sans doute pas encore à inventer des histoires gourmandes !

Alors, d'ici samedi, j'ai trois options :
- trouver vite fait bien fait une idée pour écrire un autre texte qui, lui, me satisfasse (et qui respecte le thème) ;
- me désinscrire du projet et enfouir mon texte dans le tiroir du Grand Oubli ;
- poster mon texte tel quel et basta, tant pis pour ma fierté si aucun illustrateur ne veut l'illustrer.

Je refuse la deuxième option, car ce n'est pas mon genre de m'enfuir et baisser les bras.
Je n'ai plus l'illusion de trouver l'idée super que je n'ai pas eu jusque là et qu'il me faudrait inventer par miracle pour réaliser troisième option.
Alors il ne me reste que la troisième solution. Hum, pas facile...

dimanche 25 octobre 2009

Mille et un talents

Manola a réalisé la deuxième planche de l'histoire de Leïla, la princesse d'Orient dont les mille et une nuits ne sont traversées par aucun rêve.
C'est le début de l'histoire et la princesse Leïla est triste. Mais pour ma part, en tant qu'auteur, je n'éprouve absolument aucune compassion pour mon personnage et je suis au contraire super contente ! L'illustration de Manola est carrément géniale et ça me rend toute gaie. Pas vous ?

samedi 24 octobre 2009

Les possibles

Parfois tout le temps, je me demande si j'ai légitimement raison de vouloir écrire pour les enfants. Je ne suis pas institutrice, ni mère de famille nombreuse. Certes, certaines de mes histoires sont nées d'une conversation menée avec un petit assis sur mes genoux. Mais la plupart du temps mes histoires grandissent loin des enfants. Loin des enfants, mais peut-être pas loin de l'enfance. J'écris les histoires que j'aimerais lire, celles que j'aimerais qu'on me raconte le soir lorsque je me love dans la couette, ou bien celle que je trouve cachées au fond de moi, perdues peut-être dans ma mémoire d'enfant.
En vérité, je ne pense pas vraiment aux enfants quand j'écris une histoire. Bien sûr, je me dis abstraitement qu'il faut des mots simples et, lorsque je me relis, j'insère un point au milieu d'une trop longue phrase pour la rendre plus percutante. Mais lorsque le mot qui traduira exactement ce que je veux dire paraît un peu compliqué, je rechigne à en changer et à le remplacer par un synonyme qui visera la signification avec moins de justesse. Si seul ce mot veut dire ce que je veux dire, pourquoi en changer pour un moins bien ? Je n'aime pas trop les concessions lorsque j'écris. J'ai envie de croire que l'enfant qui, peut-être, me lira n'arrêtera pas sa lecture parce qu'il tombera sur un mot qu'il ne connaît pas et que, même dans son ignorance, il sera peut-être séduit par ce joli mot inconnu dont le sens ne lui dit rien, mais dont la musicalité déjà le séduit.
Je n'aime pas les voies directes - les morales bien pensantes et trop attendues, les équivalences claires du type "un paragraphe = une idée" (et pas une de plus). Je préfère les métaphores, les images insolites, les détours du style qui en trois mots ouvrent les significations au lieu de les enfermer. J'aime la simplicité, mais le simplisme m'ennuie. Les histoires dont je connais l'intrigue sans même les avoir lues me tombent des mains. Lorsque des expressions toutes faites menacent de se glisser sous mes doigts, je leur donne une claque pour qu'elles s'en aillent. Dans la lecture, comme dans l'écriture, j'aime être surprise. Et n'est-on pas bien souvent étonné par ce qu'on écrit soi-même ?
Alors, dois-je continuer de penser que je peux écrire pour les enfants ? Je ne sais pas, mais ce que je sais c'est que j'ai envie de croire qu'il n'y a pas seulement des livres pour les enfants, mais une littérature d'enfance. Pas seulement des quatrièmes de couverture indiquant des âges limites, mais de beaux textes qui peuvent être lus à tout âge et dans tous les sens.
Dans ma définition (informe et imprécise) de l'enfance, il y a un mot qui rejoint ma définition de la littérature. Ce mot, c'est possible. Pour un enfant, la vie est un grand champ de possibles. Sous la plume d'un écrivain, les mots mis ensemble ouvrent des possibles qui ressemblent à du réel sans en être. Tous ces possibles offerts, c'est ça que j'aime.



lundi 19 octobre 2009

Concours de paresse

A la maison, en ce moment, c'est concours de paresse. Voilà une semaine que ma flemme et moi nous nous sommes glissées au fond de la couette. J'ai bien essayé de convaincre ma flemme d'écrire à ma place, mais elle a prétendu n'avoir aucune idée et est replongée dans la couette (en m'entraînant bien sûr).

Je ne peux même pas dire que j'ai gagné le concours de paresse. Car j'ai une sérieuse concurrente :

... et en plus, moi, je suis trop grosse pour tenir roulée en boule sur un des radiateurs du salon !

lundi 12 octobre 2009

Voyage, voyages

Ce week-end, je suis restée enfermée entre quatre murs et un toit. Mais avec mon vieil ordinateur qui fait à peu près le même bruit qu'un avion A320 au décollage, je me suis envolée loin - très très loin. Je me suis promenée là, au milieu des cerisiers en fleurs du Japon :C'était tellement beau, tellement blanc, que j'avais l'impression d'avoir été transportée dans un paysage féerique. Il faut dire que le souvenir, parfois, sait rendre honneur à la réalité. Ou peut-être est-ce les mots qui sont capables de magnifier les souvenirs ?
Au retour de mon week-end japonais, Manola est venue me chercher depuis l'Italie pour m'emmener au pays des mille et une nuits faire de beaux rêves avec notre princesse Leïla : Je me suis laissée envoûtée par le parfum de l'encens et j'ai voulu m'endormir dans le magnifique palais de Leïla, la princesse de la nuit.

Conseil du jour anti-crise économique : si vous n'avez pas assez d'argent pour partir en vacances, écrivez ! (ou, variante : dessinez !) Quelques pages de Word sont parfois tout aussi dépaysantes qu'un charter avec décalage horaire, non ?

N.B. : la première photo a été prise par monsieur Moun en Corée du Sud, dans le village de Hahoe, en avril 2009. Les deux autres photos datent d'avril 2008 et ont été prises à Kamakura (Japon).
La superbe illustration a été réalisée par la Manola, bien sûr !

jeudi 8 octobre 2009

Princesse Leïla

J'ai un petit peu la tête ailleurs en ce moment. Et j'en oublie de vous annoncer que la princesse Leïla (celle qui ne rêve pas) a trouvé un joli visage sous les traits de crayons de la géniale Manola ! Voici sa première esquisse :
Manola m'envoie plein de soleil italien dans ses messages et elle a été super enthousiaste à l'idée de donner aux illustrations une ambiance orientale. L'histoire de la princesse Leïla devrait donc nous mener aux portes du Sahara. Sortez les verres de thé à la menthe et le narguilé ! J'ai hâte de voir les beaux dessins de Manola !

Sinon, le projet Ricochet, le septième du nom, baptisé "Tandem Jeunesse", c'est parti ! Le thème est "Cuisine et gourmandises". Pour le moment, on ne peut pas dire que je sois vraiment inspirée. Mais ce n'est pas grave, en attendant que les idées viennent, je mange des cookies au chocolat - histoire de me mettre en situation, n'est-ce pas !

mercredi 7 octobre 2009

"Totalement"

Il y a des habitudes qu'on prend malgré soi et qui arrivent parfois à vous brouiller le regard. L'autre jour, je reçois un mail d'un éditeur. Je clique. Ma tête lit "J'ai le regret de vous informer que votre texte..." Bla bla bla bla... Mais avant de lâcher un soupir (de résignation), ma tête dit soudain à mes yeux : "et oh, si vous lisiez quand même ?" Alors mes yeux lisent le début du mail. Ils lisent, relisent. Sont incrédules. Mais ils relisent encore une fois. Si si, c'est vrai ! Ce n'est pas une phrase avec une négation déguisée. Ce n'est pas un canular, non non !
Le mail commence bien ainsi : "Madame, c'est avec plaisir que nous vous faisons part de notre souhait d'éditer votre tapuscrit." Et plus loin, il se poursuit ainsi : "Votre travail s'inscrit totalement dans notre ligne éditoriale." Incroyable : il y a dans la phrase l'adverbe "totalement" et j'ai beau relire, non, décidément, je n'y vois pas de négation !
Il y a quelques mois, j'avais entrouvert le Tiroir du Grand Oubli pour y ressortir furtivement un manuscrit écrit il y a quatre ans tout juste : mon tout premier roman. Le pauvre dormait dans son tiroir depuis trois ans, prenant la poussière, et il faut croire qu'il avait envie de prendre l'air. Au final, ce vieux manuscrit ne devrait pas être déçu du voyage, car il devrait prendre un sacré bol d'air (même s'il s'agit d'une toute petite maison d'édition) !
Et moi il va falloir que je me relise. Quatre ans après, ouh là là, ça va être dur !