mardi 29 décembre 2009

"Serais-je le héros de ma propre histoire, ou quelqu'un d'autre en prendra-t-il la place ?"

Pour terminer l'année, il fallait du génie, de la grandeur et de l'incomparable : voici les trois réunis en la personne de Charles Dickens rescuscité sous la plume de Marie-Aude Murail.Je me suis régalée de cette petite biographie qui m'a donné envie de replonger dans les grands romans de Dickens. L'énergie débordante et l'incroyable suractivité de Dickens ont de quoi vous donner un formidable coup de fouet. Je comprends pourquoi Marie-Aude Murail a été si séduite par ce grand écrivain.
Un petit extrait pour vous allécher :

"Quand Charles se lance dans un nouveau roman, il lui semble que son récit le prend à la gorge. Il est dans un état d'agitation continue, se lève à sept heures, passe sous une douche froide si puissante qu'on l'a surnommée "le Démon", déjeune, puis se met à écrire, progressivement chauffé au rouge, le cerveau brûlant sous les cheveux. Il pleure et rit tout seul. Ou presque, puisque Timber fait dans son coin ses rêves de chien.
Plus Dickens s'enfonce dans son roman, plus ses yeux se font immenses. Il voit. Toute scène qu'il est en train de décrire, il la voit. Dickens vit au milieu de ses personnages, il leur parle, ils lui parlent. C'est tout juste s'il n'écrit pas sous leur dictée. A chacun d'eux il donne quelque chose de lui, même au monstrueux nain Quilp qui terrorise sa femme en mangeant les oeufs dans la coquille [...].
Il a des miroirs dans son bureau et il arrive qu'il bondisse de son siège pour se placer devant l'un d'eux, fasse des grimaces ou des contorsions, retourne écrire ce qu'il a vu, puis, d'un nouveau bond, au grand désagrément de Timber, coure vérifier dans la glace l'exactitude de sa description..."
Marie-Aude Murail, Dickens, L'Ecole des loisirs, 2005, pages 96-98.
A l'année prochaine !
PS : la citation en titre de ce post est empruntée à l'incipit de David Copperfield.

jeudi 24 décembre 2009

Dans sa hotte des cadeaux par milliers

Le Père Noël est facétieux : il est passé cette nuit avec un cadeau inattendu qui m'a mené ce matin tout droit chez le médecin ! Enfin, si on ne félicite pas ce cher Papa Noël pour son cadeau empoisonné au goût d'antibiotiques, on lui saura gré d'avoir eu un jour d'avance pour nous éviter d'avoir à trouver un cabinet médical ouvert un 25 décembre !
J'espère avoir assez de courage ce soir pour sortir de mon lit et faire honneur à nos invités. En tout cas, c'est avec un grand plaisir (et des microbes) que je vous souhaite à tous un
JOYEUX NOËL !!
Passez de belles fêtes de fin d'année !

Et pour égayer mes voeux, deux petites illustrations reçues ce matin..
Manola :
... et Berthe :

Merci !

mardi 22 décembre 2009

Doudouche, où es-tu ?

Mais où est donc passé Doudouche ?Bonne question ! A mon avis, Doudouche est en train de manger des chocolats, tranquillos sous le sapin ! C'est un doudou qui sait vivre, non mais !
Trêve de plaisanterie... Voici la dernière illustration de Kaji sur notre projet "Doudouche". Kaji a bossé comme un chef sur ce projet (MERCI !). De mon côté, il me faut relire le texte écrit il y a plusieurs mois... et, hum, je n'aime pas trop ça ! Le temps est un sacré révélateur de petits (et grands) défauts, vous ne trouvez pas ?


vendredi 18 décembre 2009

Beaucoup

Beaucoup de neige - ça craque sous les bottes, comme un petit air de balades en montagne en plein Paris, chouette, chouette, chouette !

Beaucoup de doutes et de questions - est-ce que je dois... ? est-ce que ça vaut le coup de... ? est-ce que je mérite de... ? et si... ? et si... ?
Beaucoup de fatigue, beaucoup de boulot - et des journées sans fin au bureau, sans longues vacances en perspective.
Beaucoup d'attente - mais la promesse d'une date pour mieux faire patienter : 15 septembre 2010 = date de parution de mon premier album !

Beaucoup de projets - et pas assez de temps ni d'énergie pour les réaliser.

Et puis aussi, au coeur de l'hiver, beaucoup de couleurs - grâce à Manola qui m'offre un aller-retour en charter au pays des Mille et une nuits, grâce à notre histoire de la princesse Leïla ! Cela fait du bien tout ce soleil !
Et vous, y a-t-il beaucoup de "beaucoup" dans vos vies en ce moment ?

mardi 15 décembre 2009

Les manies de Mina

Solenn, ma binôme, m'a tagguée ! La mission, si je l'accepte : dévoiler quatre de mes manies.
Mais alors, je l'avoue, les tags, je n'aime pas trop. Et parler de moi, j'aime encore moins (si si, c'est vrai !). Alors, pardonnez-moi, je vais biaiser, et révéler quatre manies - mais pas les miennes, attention : celles de mon chat ! (Oui, je sais, je me condamne à tuer définitivement la réputation de ce blog qui est sur le point de devenir un blog-à-chat !).

Alors voilà, cher lecteur, s'il y a dans la maison un être maniaque, c'est bien cette bête là - Mina de son petit nom -, ci-contre en pleine démonstration de vol à chat (sport en voie d'homologation aux JO pour animaux - photo réalisée sans trucage).

- Manie number 1 : Mina ronfle et fait des petits miaulements lascifs dans son sommeil. Si, je vous jure, c'est vrai. Et ça m'empêche de dormir.- Manie number 2 : Mina ne supporte pas de me voir faire de la couture seule et, dès que j'ai une aiguille dans les mains, elle vient m'aider et saute sur mes mains, arrache les canettes de fils (pour les ranger sous le canapé), ou encore se cache dans les tissus ou la ouate à doudous. Du coup, je suis obligée de m'enfermer pour coudre. Hélas, Mina sait ouvrir les portes ! (Oui, je vous jure, c'est vrai !)
- Manie number 3 : la saison préférée de Mina, c'est Noël. Elle trouve toujours à redire sur les décorations du sapin et passe son temps à les remettre à place (sous le canapé, encore lui). Mina sait allumer les guirlandes lumineuses (mais si, c'est vrai !) et a déjà fait tomber une fois le sapin installé depuis deux jours. Je pense que le sapin ne durera pas jusqu'au 25 décembre.
- Manie number : Mina est prête à tout pour manger la nourriture des autres. Même à séduire l'homme de la maison, juste pour une goutte de lait.

(Voilà, je pense que j'ai perdu définitivement mes derniers lecteurs par ce post sans intérêt. Pardon !)

mercredi 9 décembre 2009

Vogue dans l'eau

Le petit poisson de Brune vogue, vogue dans l'eau. Le voici qui nage du côté de chez Solenn. Solenn a sorti ses ciseaux, de la colle et surtout son imagination et a donné un visage à la petite Brune toute seule sur son rocher.
Merci Solenn ! C'est très beau !

lundi 7 décembre 2009

Dérouler le fil rouge

Il y a peu de temps, j'ai écrit un texte sur l'attente. Quelques jours après, au salon du livre de Montreuil, je tombe sur ce joli album de Davide Cali, illustré par Serge Bloch, aux éditions Sarbacane : Moi, j'attends. Ah, mon idée (que j'ai eu l'outrecuidance de trouver originale) est déjà exploitée, me suis-je d'abord exclamée, dépitée ! En fait, pas tout à fait (ouf !). Mon texte parle de l'attente d'un enfant. L'album de Davide Cali traite de l'attente dans une perspective beaucoup plus large, à l'échelle d'une vie entière.
(c) Sarbacane

Moi, j'attends est un très beau livre. Pas étonnant qu'il ait reçu le Prix Baobab 2005 du meilleur album du salon de Montreuil. Les mots de Davide Cali sont d'une grande simplicité. Le texte commence à l'enfance et se déroule tout au long du fil rouge de la vie. J'attends, tu attends, nous attendons tous. J'attends un bisou avant de dormir, le début du film, le sifflet du chef du gare... Petit à petit, les années passent, le personnage, qui était enfant dans les premières pages, grandit, devient adulte. Mais toujours l'attente est là, qui le renvoie au lendemain, toujours dans la tension vers cet ailleurs qui va arriver. Le constat est simple : tous, nous passons notre vie à attendre.

La simplicité du texte est appuyée par une invention graphique excellente : les personnages sont suggérés par des dessins au trait dans lesquels vient se tisser un fil de laine rouge, avec une réelle épaisseur dans la texture. Le fil rouge apparaît sur toutes les pages, chaque fois dans un usage ou avec une forme différents. Le format allongé à l'italienne amplifie cet effet de lien entre les pages. Au fond, ce qui fait le lien de notre vie et de tous les moments que nous traversons, c'est ce fil rouge sur lequel prend équilibre l'attente et qui, toujours, nous guide vers le lendemain.


(c) Sarbacane

Il y a dans cet album une grande émotion qui surgit entre les pages grâce à cette capacité de saisir en quelques mots, en quelques traits (noirs et rouges) l'étendue d'une vie qui pourrait être celle de chacun d'entre nous. Et en même temps, j'ai refermé le livre avec une certaine gêne. Qu'y a-t-il au bout de l'attente ? Nous le savons tous, nous, adultes. Un hôpital, un cercueil, de la tristesse - la mort. Même s'il s'adresse à des enfants, Davide Cali n'édulcore pas cette vérité. Il y a là une force et une audace que je salue (et au bout de laquelle je n'aurais jamais oser aller moi-même dans ce genre de texte). Cette vérité-là nous fait mal. Mais au fond les enfants ont peut-être aussi le droit de la connaître, à partir du moment où on sait trouver les mots et les images pour la transmettre ?
(c) Sarbacane

"Si tu veux savoir comment est arrivé le livre : je faisais la queue au bureau postal et j’ai commencé à penser à tous les choses que l’on attend dans la vie. Quand je suis rentré chez moi j’ai réalisé que peut être j’avais l’idée pour un nouveau album : je me suis assis à l’ordinateur et j’ai écrit une liste. Puis j’ai donné un ordre à cette liste, à partir de ce qu’on attend dans l’enfance et j’ai continué. Quand je suis arrivé à la mort, j’ai compris que c’était le livre que j’avais besoin d’écrire depuis longtemps."
Davide Cali, entretien sur Ricochet.



Moi, j'attends
David Cali
Serge Bloch
Editions Sarbacane
2005

vendredi 4 décembre 2009

Les moindres petites choses

Il y a des albums comme des énigmes. De magnifiques énigmes que l'on a beau lire et relire et qui, pourtant, ne laissent jamais révéler totalement leurs secrets. C'est le cas de ce bel album d'Anne Herbauts intitulé Les moindres petites choses.

(c) Casterman


Madame Avril a un jardin. Et un lapin aussi. Madame Avril vit au bord du monde, entourée par la solitude. Elle ne parle pas beaucoup, elle ne rencontre personne. Mais elle sait regarder le monde qui vit autour d'elle - le monde qui est grand, si grand que jamais elle ne pourra finir de le contempler. Alors Madame Avril s'assoit devant son jardin et observe. La nature vaste et infinie qui l'entoure, chaque jour renouvelée ; les souvenirs du passé, qui n'en finissent pas de la rattraper, mémoires d'amours des temps lointains. Autour de Madame Avril, tout est trop grand, trop beau, trop fragile aussi. Comment trouver les mots devant ce spectacle qu'elle n'a de cesse de contempler ? Comment attraper l'infini ? comment dire l'indicible ?
(c) Casterman

Difficile de parler de cet album sans projeter sur ces belles planches d'Anne Herbauts des phrases trop conceptuelles et donc presque vides de sens. Car l'album d'Anne Herbauts est un album sur "les moindres petites choses" qui nous entourent - tous ces petits riens qui ne sont presque rien et qui, pourtant, rendent infiniment vivant celui qui sait les regarder. Il y a peu de mots dans cette histoire de Madame Avril. La sobriété du texte permet de rendre la parole aux images. Les doubles pages sont en réalité des triptyques : le lecteur, lorsqu'il tourne une page, est invité à découvrir une troisième feuille repliée. La feuille dépliée révèle un vaste paysage qui sort de sa cachette et s'étend sur une largeur qui dépasse soudainement le format classique du livre. Par ce jeu surprenant, l'auteur cherche à exprimer l'infini du monde, comme pour lui rendre hommage et nous apprendre à le regarder.

Mais des images valent bien mieux que des mots ! Voici une petite vidéo trouvée sur le net pour feuilleter l'album :


... et en cliquant ici, une interview de l'auteur.


(c) Casterman

Un album à lire et relire - à savourer !

Les moindres petites choses
Anne Herbauts
Casterman
Paru en octobre 2008

mercredi 2 décembre 2009

Maison hantée

Depuis hier soir, Internet (et donc le téléphone) ne marchent plus à la maison ! Alors avec monsieur Moun, on ré-apprend à vivre comme on vivait avant - vous savez, à cet âge pré-historique d'un autre siècle que les moins de vingt ans n'ont jamais connu. On oublie de checker les mails toutes les 5 min, on ne s'use plus les yeux sur les écrans, on lit un bon vieux roman et on regarde le chat courir dans tout l'appartement de long et en large (oui, chez nous, c'est une activité à part entière... si vous en doutez, c'est que vous n'avez jamais vu notre chat, c'est sûr !).
Et puis, sans le moteur de l'ordinateur, on entend des bruits différents. Peut-être bien des "Ouhhhhhhh" de fantôme, non ?

L'illustration est de Kaji pour le projet "Doudouche" et je la trouve géniale ! Pas vous ?