J'aime bien les vacances d'été.
Parce que le temps s'étire un peu plus lentement. Parce qu'il y a dans l'air l'odeur des pins ou bien sur les lèvres le goût salé des larges horizons. Parce que l'imagination perd ses brides et peut se laisser surprendre par tout ce qu'elle découvre de nouveau.
L'été dernier,
j'étais là, sous le soleil de Provence. Au son des cigales, dans la chaleur épaisse des après-midis immobiles, face à la piscine désertée qui attendait que le soleil tape moins fort pour retrouver nos plongeons, j'ai écrit les derniers chapitres d'un roman. Je ne savais pas trop où j'allais avec mes personnages avec qui j'étais en vadrouille depuis de longs mois, mais j'y allais, m'imposant la discipline nécessaire à l'écrivain. Sur la terrasse de notre maison de vacances, alors que le soleil s'était couché depuis longtemps, j'ai écrit le mot "FIN" et j'ai enregistré mon fichier Word.
Presque un an plus tard, le jour de mon anniversaire, j'ai signé un contrat d'auteur pour ce roman qui, entre temps, avait trouvé un titre. Si tout va bien, cette histoire prendra la forme d'un livre l'été prochain. D'un été à l'autre, tout se joue sous le soleil finalement.
Cette année, je n'ai pas amené mon ordinateur en vacances. Je savais que je n'aurais pas le temps de toute façon d'écrire une seule ligne. Mais j'avais pris tout de même un carnet de notes et un stylo.
Pendant les "petits dodos" de mes filles, j'ai ouvert grand les yeux. Cette année, je n'avais pas sous les yeux le soleil de Provence, mais les forêts immenses du Canada.
La terrasse de notre maison de vacances donnait sur cette rivière :
Alors forcément, après avoir ouvert mes yeux, j'ai ouvert mon carnet de notes. J'ai commencé à écrire quelques mots. Cette rivière m'appelait. Elle m'appelait si fort ! Comme si elle voulait être le sujet de mon prochain roman.
Pour l'instant, je ne sais pas grand chose de mon histoire. Je sais seulement qu'elle se passera exactement dans ce lieu : dans une maison de bois au milieu de la forêt, au pied d'une rivière qui ne cesse de couler et qui emporte avec elle des mystères. J'ignore presque tout de l'intrigue. Mais je sais qu'il y aura une héroïne intrépide, un canoë jaune et que tout commencera dès que les personnages auront mis les pieds sur l'autre rive de la rivière. Y croiseront-ils un ours, un coureur des bois ou des Indiens ? Mystère pour l'instant !
Dans le quotidien parisien, je sais qu'il me sera donné grâce à ce nouveau projet qui commence l'occasion de faire mille voyages au gré de cette rivière magique. Ce ne sera pas forcément facile de ramer à contre-courant et de poser le pied sur l'autre rive. Mais ce voyage m'accompagnera au coeur de l'hiver. Et peut-être qu'un jour, dans un an, ou plus sûrement (je suis très lente !), naîtra un roman auquel je mettrai le mot "FIN" dans la chaleur d'un nouvel été loin de chez moi.
J'aime bien les vacances d'été. Décidément.