mardi 29 décembre 2009

"Serais-je le héros de ma propre histoire, ou quelqu'un d'autre en prendra-t-il la place ?"

Pour terminer l'année, il fallait du génie, de la grandeur et de l'incomparable : voici les trois réunis en la personne de Charles Dickens rescuscité sous la plume de Marie-Aude Murail.Je me suis régalée de cette petite biographie qui m'a donné envie de replonger dans les grands romans de Dickens. L'énergie débordante et l'incroyable suractivité de Dickens ont de quoi vous donner un formidable coup de fouet. Je comprends pourquoi Marie-Aude Murail a été si séduite par ce grand écrivain.
Un petit extrait pour vous allécher :

"Quand Charles se lance dans un nouveau roman, il lui semble que son récit le prend à la gorge. Il est dans un état d'agitation continue, se lève à sept heures, passe sous une douche froide si puissante qu'on l'a surnommée "le Démon", déjeune, puis se met à écrire, progressivement chauffé au rouge, le cerveau brûlant sous les cheveux. Il pleure et rit tout seul. Ou presque, puisque Timber fait dans son coin ses rêves de chien.
Plus Dickens s'enfonce dans son roman, plus ses yeux se font immenses. Il voit. Toute scène qu'il est en train de décrire, il la voit. Dickens vit au milieu de ses personnages, il leur parle, ils lui parlent. C'est tout juste s'il n'écrit pas sous leur dictée. A chacun d'eux il donne quelque chose de lui, même au monstrueux nain Quilp qui terrorise sa femme en mangeant les oeufs dans la coquille [...].
Il a des miroirs dans son bureau et il arrive qu'il bondisse de son siège pour se placer devant l'un d'eux, fasse des grimaces ou des contorsions, retourne écrire ce qu'il a vu, puis, d'un nouveau bond, au grand désagrément de Timber, coure vérifier dans la glace l'exactitude de sa description..."
Marie-Aude Murail, Dickens, L'Ecole des loisirs, 2005, pages 96-98.
A l'année prochaine !
PS : la citation en titre de ce post est empruntée à l'incipit de David Copperfield.

jeudi 24 décembre 2009

Dans sa hotte des cadeaux par milliers

Le Père Noël est facétieux : il est passé cette nuit avec un cadeau inattendu qui m'a mené ce matin tout droit chez le médecin ! Enfin, si on ne félicite pas ce cher Papa Noël pour son cadeau empoisonné au goût d'antibiotiques, on lui saura gré d'avoir eu un jour d'avance pour nous éviter d'avoir à trouver un cabinet médical ouvert un 25 décembre !
J'espère avoir assez de courage ce soir pour sortir de mon lit et faire honneur à nos invités. En tout cas, c'est avec un grand plaisir (et des microbes) que je vous souhaite à tous un
JOYEUX NOËL !!
Passez de belles fêtes de fin d'année !

Et pour égayer mes voeux, deux petites illustrations reçues ce matin..
Manola :
... et Berthe :

Merci !

mardi 22 décembre 2009

Doudouche, où es-tu ?

Mais où est donc passé Doudouche ?Bonne question ! A mon avis, Doudouche est en train de manger des chocolats, tranquillos sous le sapin ! C'est un doudou qui sait vivre, non mais !
Trêve de plaisanterie... Voici la dernière illustration de Kaji sur notre projet "Doudouche". Kaji a bossé comme un chef sur ce projet (MERCI !). De mon côté, il me faut relire le texte écrit il y a plusieurs mois... et, hum, je n'aime pas trop ça ! Le temps est un sacré révélateur de petits (et grands) défauts, vous ne trouvez pas ?


vendredi 18 décembre 2009

Beaucoup

Beaucoup de neige - ça craque sous les bottes, comme un petit air de balades en montagne en plein Paris, chouette, chouette, chouette !

Beaucoup de doutes et de questions - est-ce que je dois... ? est-ce que ça vaut le coup de... ? est-ce que je mérite de... ? et si... ? et si... ?
Beaucoup de fatigue, beaucoup de boulot - et des journées sans fin au bureau, sans longues vacances en perspective.
Beaucoup d'attente - mais la promesse d'une date pour mieux faire patienter : 15 septembre 2010 = date de parution de mon premier album !

Beaucoup de projets - et pas assez de temps ni d'énergie pour les réaliser.

Et puis aussi, au coeur de l'hiver, beaucoup de couleurs - grâce à Manola qui m'offre un aller-retour en charter au pays des Mille et une nuits, grâce à notre histoire de la princesse Leïla ! Cela fait du bien tout ce soleil !
Et vous, y a-t-il beaucoup de "beaucoup" dans vos vies en ce moment ?

mardi 15 décembre 2009

Les manies de Mina

Solenn, ma binôme, m'a tagguée ! La mission, si je l'accepte : dévoiler quatre de mes manies.
Mais alors, je l'avoue, les tags, je n'aime pas trop. Et parler de moi, j'aime encore moins (si si, c'est vrai !). Alors, pardonnez-moi, je vais biaiser, et révéler quatre manies - mais pas les miennes, attention : celles de mon chat ! (Oui, je sais, je me condamne à tuer définitivement la réputation de ce blog qui est sur le point de devenir un blog-à-chat !).

Alors voilà, cher lecteur, s'il y a dans la maison un être maniaque, c'est bien cette bête là - Mina de son petit nom -, ci-contre en pleine démonstration de vol à chat (sport en voie d'homologation aux JO pour animaux - photo réalisée sans trucage).

- Manie number 1 : Mina ronfle et fait des petits miaulements lascifs dans son sommeil. Si, je vous jure, c'est vrai. Et ça m'empêche de dormir.- Manie number 2 : Mina ne supporte pas de me voir faire de la couture seule et, dès que j'ai une aiguille dans les mains, elle vient m'aider et saute sur mes mains, arrache les canettes de fils (pour les ranger sous le canapé), ou encore se cache dans les tissus ou la ouate à doudous. Du coup, je suis obligée de m'enfermer pour coudre. Hélas, Mina sait ouvrir les portes ! (Oui, je vous jure, c'est vrai !)
- Manie number 3 : la saison préférée de Mina, c'est Noël. Elle trouve toujours à redire sur les décorations du sapin et passe son temps à les remettre à place (sous le canapé, encore lui). Mina sait allumer les guirlandes lumineuses (mais si, c'est vrai !) et a déjà fait tomber une fois le sapin installé depuis deux jours. Je pense que le sapin ne durera pas jusqu'au 25 décembre.
- Manie number : Mina est prête à tout pour manger la nourriture des autres. Même à séduire l'homme de la maison, juste pour une goutte de lait.

(Voilà, je pense que j'ai perdu définitivement mes derniers lecteurs par ce post sans intérêt. Pardon !)

mercredi 9 décembre 2009

Vogue dans l'eau

Le petit poisson de Brune vogue, vogue dans l'eau. Le voici qui nage du côté de chez Solenn. Solenn a sorti ses ciseaux, de la colle et surtout son imagination et a donné un visage à la petite Brune toute seule sur son rocher.
Merci Solenn ! C'est très beau !

lundi 7 décembre 2009

Dérouler le fil rouge

Il y a peu de temps, j'ai écrit un texte sur l'attente. Quelques jours après, au salon du livre de Montreuil, je tombe sur ce joli album de Davide Cali, illustré par Serge Bloch, aux éditions Sarbacane : Moi, j'attends. Ah, mon idée (que j'ai eu l'outrecuidance de trouver originale) est déjà exploitée, me suis-je d'abord exclamée, dépitée ! En fait, pas tout à fait (ouf !). Mon texte parle de l'attente d'un enfant. L'album de Davide Cali traite de l'attente dans une perspective beaucoup plus large, à l'échelle d'une vie entière.
(c) Sarbacane

Moi, j'attends est un très beau livre. Pas étonnant qu'il ait reçu le Prix Baobab 2005 du meilleur album du salon de Montreuil. Les mots de Davide Cali sont d'une grande simplicité. Le texte commence à l'enfance et se déroule tout au long du fil rouge de la vie. J'attends, tu attends, nous attendons tous. J'attends un bisou avant de dormir, le début du film, le sifflet du chef du gare... Petit à petit, les années passent, le personnage, qui était enfant dans les premières pages, grandit, devient adulte. Mais toujours l'attente est là, qui le renvoie au lendemain, toujours dans la tension vers cet ailleurs qui va arriver. Le constat est simple : tous, nous passons notre vie à attendre.

La simplicité du texte est appuyée par une invention graphique excellente : les personnages sont suggérés par des dessins au trait dans lesquels vient se tisser un fil de laine rouge, avec une réelle épaisseur dans la texture. Le fil rouge apparaît sur toutes les pages, chaque fois dans un usage ou avec une forme différents. Le format allongé à l'italienne amplifie cet effet de lien entre les pages. Au fond, ce qui fait le lien de notre vie et de tous les moments que nous traversons, c'est ce fil rouge sur lequel prend équilibre l'attente et qui, toujours, nous guide vers le lendemain.


(c) Sarbacane

Il y a dans cet album une grande émotion qui surgit entre les pages grâce à cette capacité de saisir en quelques mots, en quelques traits (noirs et rouges) l'étendue d'une vie qui pourrait être celle de chacun d'entre nous. Et en même temps, j'ai refermé le livre avec une certaine gêne. Qu'y a-t-il au bout de l'attente ? Nous le savons tous, nous, adultes. Un hôpital, un cercueil, de la tristesse - la mort. Même s'il s'adresse à des enfants, Davide Cali n'édulcore pas cette vérité. Il y a là une force et une audace que je salue (et au bout de laquelle je n'aurais jamais oser aller moi-même dans ce genre de texte). Cette vérité-là nous fait mal. Mais au fond les enfants ont peut-être aussi le droit de la connaître, à partir du moment où on sait trouver les mots et les images pour la transmettre ?
(c) Sarbacane

"Si tu veux savoir comment est arrivé le livre : je faisais la queue au bureau postal et j’ai commencé à penser à tous les choses que l’on attend dans la vie. Quand je suis rentré chez moi j’ai réalisé que peut être j’avais l’idée pour un nouveau album : je me suis assis à l’ordinateur et j’ai écrit une liste. Puis j’ai donné un ordre à cette liste, à partir de ce qu’on attend dans l’enfance et j’ai continué. Quand je suis arrivé à la mort, j’ai compris que c’était le livre que j’avais besoin d’écrire depuis longtemps."
Davide Cali, entretien sur Ricochet.



Moi, j'attends
David Cali
Serge Bloch
Editions Sarbacane
2005

vendredi 4 décembre 2009

Les moindres petites choses

Il y a des albums comme des énigmes. De magnifiques énigmes que l'on a beau lire et relire et qui, pourtant, ne laissent jamais révéler totalement leurs secrets. C'est le cas de ce bel album d'Anne Herbauts intitulé Les moindres petites choses.

(c) Casterman


Madame Avril a un jardin. Et un lapin aussi. Madame Avril vit au bord du monde, entourée par la solitude. Elle ne parle pas beaucoup, elle ne rencontre personne. Mais elle sait regarder le monde qui vit autour d'elle - le monde qui est grand, si grand que jamais elle ne pourra finir de le contempler. Alors Madame Avril s'assoit devant son jardin et observe. La nature vaste et infinie qui l'entoure, chaque jour renouvelée ; les souvenirs du passé, qui n'en finissent pas de la rattraper, mémoires d'amours des temps lointains. Autour de Madame Avril, tout est trop grand, trop beau, trop fragile aussi. Comment trouver les mots devant ce spectacle qu'elle n'a de cesse de contempler ? Comment attraper l'infini ? comment dire l'indicible ?
(c) Casterman

Difficile de parler de cet album sans projeter sur ces belles planches d'Anne Herbauts des phrases trop conceptuelles et donc presque vides de sens. Car l'album d'Anne Herbauts est un album sur "les moindres petites choses" qui nous entourent - tous ces petits riens qui ne sont presque rien et qui, pourtant, rendent infiniment vivant celui qui sait les regarder. Il y a peu de mots dans cette histoire de Madame Avril. La sobriété du texte permet de rendre la parole aux images. Les doubles pages sont en réalité des triptyques : le lecteur, lorsqu'il tourne une page, est invité à découvrir une troisième feuille repliée. La feuille dépliée révèle un vaste paysage qui sort de sa cachette et s'étend sur une largeur qui dépasse soudainement le format classique du livre. Par ce jeu surprenant, l'auteur cherche à exprimer l'infini du monde, comme pour lui rendre hommage et nous apprendre à le regarder.

Mais des images valent bien mieux que des mots ! Voici une petite vidéo trouvée sur le net pour feuilleter l'album :


... et en cliquant ici, une interview de l'auteur.


(c) Casterman

Un album à lire et relire - à savourer !

Les moindres petites choses
Anne Herbauts
Casterman
Paru en octobre 2008

mercredi 2 décembre 2009

Maison hantée

Depuis hier soir, Internet (et donc le téléphone) ne marchent plus à la maison ! Alors avec monsieur Moun, on ré-apprend à vivre comme on vivait avant - vous savez, à cet âge pré-historique d'un autre siècle que les moins de vingt ans n'ont jamais connu. On oublie de checker les mails toutes les 5 min, on ne s'use plus les yeux sur les écrans, on lit un bon vieux roman et on regarde le chat courir dans tout l'appartement de long et en large (oui, chez nous, c'est une activité à part entière... si vous en doutez, c'est que vous n'avez jamais vu notre chat, c'est sûr !).
Et puis, sans le moteur de l'ordinateur, on entend des bruits différents. Peut-être bien des "Ouhhhhhhh" de fantôme, non ?

L'illustration est de Kaji pour le projet "Doudouche" et je la trouve géniale ! Pas vous ?

dimanche 29 novembre 2009

L'après Montreuil !

Alors, voilà, je suis revenue de Montreuil ! C'était épuisant... mais chouette !
D'abord, j'ai vu plein de Lucioles ! C'était vraiment tout bizarre de rencontrer toutes ces personnes avec qui je corresponds par Internet ou que je lis par blogs interposés . J'avoue que je me suis dit à un moment : "quoi, derrière les pseudos et les avatars, il y a de vraies personnes ?!" Je suis particulièrement contente d'avoir rencontré certaines de mes binômes de projets (Rebz, Kaji) et d'avoir pu prolonger la discussion avec certains collègues (n'est-ce pas Séverine ?). Mais je n'ai pas pu discuter avec tout le monde, hélas !
Ensuite, j'ai vu pleins pleins de livres ! Des petits, des grands, des beaux, des magnifiques, des trop- géniaux-qui-font-râler (du genre "mais pourquoi j'ai pas eu l'idée avant ?"), des "bof bof" (oui, il y en a aussi)... et puis aussi des livres de copains de blogs ! Après des tas d'allers-retours dans les couloirs du salon, j'avais un peu la tête qui tournait, partagée entre le plaisir (comme il est bon de humer les livres, d'appréhender leur forme, d'apprécier les couleurs... un vrai plaisir physique !) et le découragement (face à cette surproduction de livres, pourquoi diable vouloir en faire soi-même d'autres ?). Mais je suis revenue avec pleins d'images dans la tête - qui deviendront peut-être des histoires un jour, qui sait ?
Bon, tout de même, je me suis aperçue que j'avais encore bien des progrès à faire en résistance à la foule et à la chaleur et encore plus en développement de la sociabilité (il y a pleins de gens que je n'ai pas osé aborder !). Mais un jour, peut-être je deviendrai une grande fille et j'oserai (oui oui, on y croit) !

Expo "Jubilo" au sous-sol du salon (illustration de mon idole - Claude Ponti !)

mardi 24 novembre 2009

Montreuil

Oyez, oyez, les gens !
Vendredi soir et samedi une bonne partie de la journée, mes bottes et moi nous traînerons du côté du salon de Montreuil. Je vais essayer de convaincre ma Timidité de ne pas me coller aux bottes et de rester à la maison, et de persuader par la même occasion mon Courage de m'accompagner. Espérons que les deux bougres m'obéiront (pour une fois !).
En tous les cas, si vous y êtes aussi et si, par le plus grand des hasards, vous vous dites que vous aimeriez bien nous rencontrer (mes bottes, ma Timidité et moi), faites-moi signe par un petit mail ou un petit commentaire, histoire qu'on ne se loupe pas !
Et vous savez quoi ? Hier, je me suis dit que l'année prochaine, si tout va bien (je touche du bois... aïe ma tête !), il devrait y avoir au moins deux livres de moi sur les étales de ce salon. Ça fait bizarre. Mais bon, Inshallah, einh, bien sûr !

dimanche 22 novembre 2009

L'attente

Je voulais écrire une histoire sur l'attente. Parce que l'attente occupe une place importante dans ma vie (surtout en ce moment). Parce que tout le monde attend, même si on ne sait pas toujours ce qu'on attend.
Alors j'ai tourné cette idée dans ma tête. Je me suis répétée : l'attente, qu'est-ce que c'est ? Presque d'emblée une image s'est imposée à mon esprit : celle d'une femme qui attend tellement qu'elle prend racine.
Un soir, j'ai confié l'idée à monsieur Moun. Je lui ai dit comme ça : "je voudrais écrire l'histoire d'une femme qui prend racine et se transforme en arbre". Monsieur Moun a rigolé. Il a dit : "ce n'est pas un sujet d'histoire, ça !"
Mais l'image était dans ma tête. Impossible de la chasser. Alors au fil des jours, j'ai laissé mon histoire germer. Sur le chemin du travail, dans le métro, le soir avant de m'endormir, j'ai arrosé mon idée. Et finalement une histoire a poussé. Histoire que j'ai laissé fleurir aujourd'hui sur le papier.

Voici un extrait de mon histoire, à peine descendue de son arbre :


[...]

Le jour, j’attendais la nuit. La nuit, j’attendais le matin. Hier, j’attendais aujourd’hui et aujourd’hui j’attendais demain. En hiver, j’attendais le printemps et au printemps j’attendais l’été. Lorsque j’étais triste, j’attendais d’être joyeuse, et lorsque la joie m’avait trouvée, j’attendais de la retrouver.

Toujours, j’attendais.


Assise devant l’horloge, je regardais le temps qui tournait. Les minutes, les heures, les jours, les semaines. Le temps passait et moi j’attendais.

Le temps creusait le coin de ma joue. Mais moi, j’attendais toujours.

L’hiver commençait à s’égarer dans mes cheveux noirs. Mais moi, j’attendais encore.


J’attendais tellement que forcément, un jour, c’est arrivé : j’ai pris racine. C’est arrivé comme ça, sans que je m’en aperçoive. Un jour, j’ai détourné mes yeux de la grande horloge et j’ai regardé mes pieds. Je ne les ai plus vus : ils avaient commencé à s’enfoncer dans la terre. J’ai passé la main dans mes cheveux. Mais ils étaient devenus forts et allongés comme des branches.

Au début, j’ai été surprise. Je suis devenue un arbre, me répétais-je, ce n’est pas si commun ! Mais en vérité, je n’avais pas le temps d’être étonnée. J’avais bien autre chose à faire : attendre.

Attendre plus que jamais.


Les semaines, les mois, les années. Mon arbre grandissait. J’avais confiance en lui et sa présence me rassurait.

À l’été, vert et généreux, mon arbre m’offrait ses fruits. Mon attente était gourmande. Je croquais dans les pommes de mon arbre et accrochais ses cerises jumelles à mes oreilles.

À l’automne, timide et mélancolique, mon arbre m’enveloppait de mille couleurs dorées. Mon attente s’effeuillait. Je regardais les branches de mon arbre dénuder sa tristesse et j’enroulais mon attente dans ses feuilles rouges et craquantes.

À l’hiver, seul et glacé, mon arbre m’apprenait à vieillir. Mon attente était sereine. Je m’accrochais aux branches nues de mon arbre et je balançais mon attente en regardant la neige tomber.

[...]





vendredi 20 novembre 2009

Du placard au grenier

Le temps passe... L'automne s'est installé, bien décidé à faire place nette pour annoncer l'hiver - les feuilles mortes sur les trottoirs, le froid qui pique le nez, la nuit qui débarque à l'heure du goûter et les soupirs fatigués soufflant chaque semaine "Oh non, aujourd'hui pas de piscine, j'irai la semaine prochaine !" Et puis avec la fin de l'automne arrivent aussi dans mon boulot les heures pressées, les jours surbookés, les réunions enchaînées. Et avec tout ça, le temps envolé.

Résultat : lorsque je rentre le soir, ma tête est vide (ou trop pleine, c'est selon) et j'ai beau fouiller dans les recoins, je n'y trouve plus d'idées ! Juste à la place une grande portion de fatigue et une bonne dose de paresse. Pas facile d'arriver à écrire tout en ayant un boulot à côté... Si vous avez la recette de Super-Héros pour faire les deux en même temps, je suis preneuse !

Alors, à défaut de pouvoir partager mes travaux de création (inexistants), montrons ceux des copines ! Car quand je comate dans mon canapé, ma géniale binôme Kaji ne chôme pas, elle ! L'histoire du doudou perdu de Zoé avance bien.

Jugez-en un peu... Ça se passe dans le placard à balais :
... et puis aussi dans le grenier :


J'aime beaucoup les idées de Kaji pour animer la mise en page et donner vie aux malheurs de la petite Zoé !

Et puis, comme je suis frustrée, derrière mon écran, de ne pas pouvoir l'aider, Kaji a la gentillesse de me mettre à contribution. "Dis, qu'est-ce qu'on pourrait trouver dans le placard à balais ? et dans le grenier ?", me demande-t-elle. Alors, je vais faire un tour dans l'entrée et j'ouvre le placard pour faire la liste de tout notre désordre (la liste est longue, croyez-moi !). Et je vais fouiller dans ma mémoire retrouver le lointain souvenir du grenier de mes grands-parents pour en faire la liste du bric-à-brac poussiéreux.

Kaji, je ne sais pas si je t'aide beaucoup avec mes petites suggestions, mais en tout cas j'adore être ton assistante en idées !

dimanche 15 novembre 2009

La tête dans le sac

"Adèle, elle est timide, franchement timide. Timide à rougir, timide à pâlir, timide à préférer s'enfuir. Il a bien fallu qu'elle trouve une issue. Alors chaque fois qu'elle sort, Adèle met la tête dans son sac : une cachette sûre à emmener avec soi. Plus de miroir, de rouge à lèvres ne de mouchoir."C'est ainsi que commence un album pour lequel j'ai eu un vrai coup de cœur : La tête dans le sac, de Marjorie Pourchet, sorti en 2004 aux Éditions du Rouergue.

Adèle la timide sort dans la rue la tête enfouie dans son sac à mains. Même pour travailler (elle est testeuse de canards en plastique jaunes dans une usine) , elle ne quitte pas sa tête de son sac. C'est que le monde est si effrayant, quand on y pense ! Adèle a trouvé là une façon de s'en protéger, tout comme son amie Eléonore qui "porte ses vêtements devant-derrière par peur de ce qu'on peut dire dans son dos" ou commme Philémon qui "marche sur les mains" afin d'"éviter de se prendre la tête". Du monde, Adèle ne voit rien... mais elle écoute. Et Adèle adore "écouter le bruit des choses qu'elle ne voit pas". Mais un soir, le silence lui fait peur. Adèle pleure au fond de son sac. N'est-ce pas là une façon de "vider son sac" sur son jardin secret ?

Marjorie Pourchet a signé à la fois le texte et les illustations. Le texte est plein de finesse, jouant avec poésie et humour avec les mots et les expressions figées. Les illustrations créent un monde décalé, fourmillant de petits détails qui viennent compléter le texte de façon parfois surprenante. J'aime ainsi beaucoup la deuxième double page avec tous les passants de la rue qui portent chacun leur monde bien à eux : "les autres, c'est tout un monde", nous dit cet album.
C'est un beau livre sur la timidité et le manque de confiance en soi, sur la conquête de soi et la rencontre avec les autres. En prenant au pied de la lettre une expression toute faite, l'auteur a créé une histoire tendre dont je me suis sentie proche immédiatement.
Peut-être est-ce parce que, parfois, je ressemble moi aussi à Adèle ?

La tête dans le sac
Marjorie Pourchet
Editions du Rouergue
2004

vendredi 13 novembre 2009

Il y a...

Il y a...
Il y a les textes que je n'ai pas encore écrits, mais dont les grandes idées sont gribouillées dans mon carnet bleu qui ne quitte pas mon sac. Textes en attente. Textes qui patientent, entre ma flemme qui s'étale et le temps qui file.
Il y a les textes qui sont devenus des "projets". Des projets en espérance. Des projets avec mon nom en haut à gauche, partis loin dans une petite enveloppe brune.
Il y a les textes nés de rencontres avec des illustrateurs. Histoires mises en jolies mages. Histoires construites à deux, au fil des échanges et des allers-retours de mails. Bonheur d'une création qui n'est plus solitaire.
Il y a les textes qui n'existent pas encore et qui n'existeront peut-être jamais. Vague idée, incertain désir, né un soir d'insomnie et tourné et retourné dans ma tête pendant des jours, des mois - des années parfois.
Il y a les textes que j'ai écrits un jour et que j'ai vite oubliés. Textes méprisés à peine après être nés. Entassés dans le Grand Tiroir de l'Oubli.
Il y a le Grand Texte que j'écrirai un jour. J'espère. Un texte dont je serai fière. (Oui, l'espoir fait vivre).
Il y a les textes auxquels je crois. Et les textes auxquels d'autres que moi croient pour moi. Ce ne sont pas toujours les mêmes.
Il y a les textes que je dois écrire. Nécessité absolue, commandement intransigeant. Parce qu'il y a des choses qui doivent être dites et pas seulement vécues. Bien sûr.
...Et puis aussi il y a les textes que, bientôt, je pourrai tenir dans mes mains et que je verrai sur les étales d'une librairie. Ce sera en 2010 et, si tout se passe bien (je touche du bois), il devrait y en avoir au moins quatre (et je n'y crois pas encore).

Il y a un peu plus d'un an je commençais ce blog. Je n'avais pas vraiment de but. Sinon celui de partager et de ne plus être tout à fait seule derrière mon écran et devant ma feuille de papier.
Un an a passé et la liste de mes textes s'est pas mal allongée, tout comme celle des rencontres faites autour de ces textes.
Alors je tenais à remercier ce blog et tous ceux qui le lisent. Grâce à lui, grâce à vous, je donne chaque mois un peu plus de vie à mes textes, un peu plus d'images à mes projets, un peu plus d'espoir à mes idées. C'est déjà énorme.
Merci !


jeudi 12 novembre 2009

Petits poissons

Au fait, savez-vous qui va illustrer Le petit poisson de Brune pour le projet 7 Tandem Jeunesse ? Une experte en poissons, bien sûr ! Il s'agit de la jeune Solenn, bourrée de talents, à l'univers décalé et plein de sensibilité.
Cette image, trouvée sur son blog, date de quelques mois... Pourtant, c'est étrange comme ce personnage pourrait ressembler au personnage de Brune, non ?J'ai hâte de voir ce que Solenn va faire de mon texte !

Un grand merci à Solenn et à tous les illustrateurs qui se sont proposés pour mon texte ! J'ai été très touchée de voir des personnes apprécier ce texte si particulier... et cela n'a pas été facile de choisir !


mercredi 4 novembre 2009

La sorcière du placard aux balais

Il y maintenant plusieurs mois, Kaji et moi, nous nous sommes lancées dans une histoire de doudou perdu. La petite Zoé a perdu son Doudouche et se met à fouiller de fond en comble la maison. Elle ouvre la porte interdite du placard aux balais et là... elle tombe nez à nez avec la Sorcière, pardi !
Kaji vient de lui donner un visage - visage quelque peu terrifiant, comme il se doit bien sûr ! Vous tremblez, j'espère ! Moi, oui (et j'aime ça) !

En inventant le personnage de la "Sorcière du placard aux balais", j'avais dans un petit coin de ma tête le souvenir du génial conte de la rue Broca du génialissime Pierre Gripari. Les Contes de la rue Broca et ceux de la Folie Méricourt ont bercé mon enfance, avec toutes les histoires de Saïd, Bachir et monsieur Pierre. Encore aujourd'hui, lorsque je passe dans la rue Mouffetard, je regarde à droite et à gauche, presque étonnée de ne pas voir surgir d'un carrefour la fameuse sorcière de la rue Mouffetard !
Le conte "La Sorcière du placard aux balais" est l'histoire d'une vilaine sorcière qui sort d'un placard quand on chantonne ces mots :
Sorcière, Sorcière
Prends gare à ton derrière !
Heureusement, le narrateur finit par être plus malin que la sorcière et par la prendre à son propre piège !

L'histoire de Doudouche, illustrée par Kaji, n'a aucun rapport avec le conte de Gripari. Mais j'aime bien, comme ça, juste pour mon plaisir perso, les petits clins d'oeil en forme d'hommage !


PS : pour les nostalgiques, voici le dessin animé adapté à partir des images de Claude Lapointe... Mais je n'ai trouvé que la version espagnole, ce qui ajoute un peu d'exotisme à cette histoire parisienne !





vendredi 30 octobre 2009

Le petit poisson de Brune

Finalement, j'ai choisi la troisième option et j'ai mis en ligne mon texte pour le "Projet 7 Tandem Jeunesse" ! Le texte peut être lu ici (pour ceux qui sont inscrits au projet).
Voici ci-dessous le début du texte... Ceux qui veulent connaître la suite peuvent m'envoyer un petit mail !


Le petit poisson de Brune

Brune aime sentir l’odeur du clafoutis aux cerises de Maman qui cuit dans le four et croquer dans les grosses frites salées de Mamie.

Brune aime plonger dans l’océan, se laisser flotter à la surface de l’eau et regarder les nuages qui défilent dans le ciel.

Brune aime grimper sur les genoux de Maman et l’entendre lui murmurer à l’oreille « Ma toute petite ». Elle aime se serrer dans les bras de Papa et l’écouter l’appeler « Mon petit bébé ».

Dans deux mois, ce sera l’anniversaire de Brune.

− Une année de plus pour ma toute petite ! soupire Maman en mettant sa tarte dans le four. Dis-moi, je vais devoir t’appeler maintenant « Ma toute grande » !

Maman s’assoit, essaie de hisser Brune sur ses genoux.

− Ah, ma toute grande, tu es devenue trop lourde, je ne peux plus te porter !

À défaut de donner un câlin, Maman dépose un bisou sonore sur le front de Brune. Puis son regard semble se perdre dans le vide, loin, très loin dans le passé. Mais très vite, ses yeux reviennent se poser sur Brune.

− Tu veux une cerise, ma grande ?

De la tête, Brune fait non.

− Non, dit Brune, je n’ai pas faim…

Cet après-midi, à la plage, Brune s’est assise sur son rocher préféré. Longtemps elle a regardé ses jambes remuer l’eau transparente de l’océan. Puis elle a plongé dans l’eau.

Il y a du vent aujourd’hui. Comme les nuages défilent vite dans le ciel ! Brune ferme les yeux. Elle sent son corps flotter doucement au fil de l’eau, délicatement remué par les petites vagues.

Mais une vague plus forte vient secouer Brune. La fillette tousse. Elle a avalé un peu de mer. Juste un petit peu. Juste assez pour sentir sur ses lèvres la saveur salée de l’océan.

Brune nage jusqu’à son rocher. Elle se laisse sécher au soleil. Puis elle oublie.

Depuis qu’elle est rentrée de la plage, Brune a une drôle de sensation au fond du ventre. Dans le miroir de la salle de bain, elle se regarde. Mais on dirait que ça bouge, là dedans ! Brune pose les mains sur son ventre. Là, sous la peau, ça fait des vagues. Là, dans le ventre, ça fait des plongeons. Là, derrière le nombril, ça fait des bulles.

Là, dans le ventre de Brune, il y a un petit poisson !

Un poisson tout tout petit. Oh, encore bien plus petit qu’une sardine, c’est certain ! Un poisson qui nage en rond et fait des bonds dans son estomac. Un poisson secret qui ne se laisse pas facilement attraper.

− Bonjour, petit poisson ! dit Brune, un peu intimidée.

Le poisson ne répond pas. Mais Brune entend dans son ventre un petit « splach ! »

Brune sourit.

− Petit poisson, es-tu gentil ?

Le petit poisson ne répond pas. Mais Brune le sent tourner dans son ventre. Il tourne en rond. Brune ne sait pas pourquoi, mais cela la rassure, cette étrange présence au fond d’elle-même.

− Petit poisson, tu es mon secret !

Brune a décidé. Elle ne parlera à personne du poisson qui nage en rond au fond de son ventre.


[...]

lundi 26 octobre 2009

Sans gourmandise

Il y a quelques semaines, je me suis inscrite au Projet 7 "Tandem Jeunesse", m'engageant ainsi à écrire un texte sur le thème voté "Cuisines et gourmandises". Le projet est joli, puisqu'il s'agit de mettre en rapport des illustrateurs et des auteurs pour créer des histoires autour du thème choisi.
Le texte est à rendre samedi prochain. Alors dimanche dernier, je me suis dit que c'était le moment où jamais de me mettre à l'écrire (car en semaine, après les journées passées au bureau, mon cerveau ressemble à de la guimauve).
Je me suis installée devant mon ordinateur, négociant avec le chat pour qu'il vienne me servir de chaufferette (mais le traite a refusé, pfff). J'ai ouvert un fichier Word. Et j'ai regardé la page blanche :

Mots, où êtes-vous ? Où vous cachez-vous ? Une demie heure plus tard, les quelques mots que j'avais déposés sur mon fichier avaient été effacés par la touche "Suppr", ne franchissant pas la barrière de mon jugement.
Donc une demie heure plus tard, ma feuille blanche continuait de me fixer avec une effronterie insoupçonnable :
Mais au bout d'une heure, j'en avais marre d'attendre que ça vienne. Alors j'ai mis un bon coup du droit à ma conscience-jugement pour qu'elle se taise et, en quelques heures, j'ai écrit mon texte. Un texte que je retournais dans ma tête depuis plus d'un mois. Un texte fragile et un peu bancale comme son héroïne.
...Mais aussi un texte qui ne cadre pas avec le sujet ! Un texte que monsieur Moun a jugé dérangeant. Et, au vu de sa moue, cela ne semblait pas du tout être un compliment !

C'est que le thème ne m'inspire pas (vraiment pas). Lorsque j'étais enfant, je n'étais pas gourmande. Je n'aimais rien (pas les oignons, pas les tomates farcies, pas le petit salé aux lentilles, pas l'ail, pas les épinards, pas les champignons, pas les endives... et j'en passe) et il fallait toujours me faire des plats spéciaux, juste pour moi (du couscous avec que de la semoule, sans sauce ni légumes ; des spaghettis bolognaises sans sauce tomate, etc.). Aujourd'hui, j'ai appris à éduquer cultiver mon sens culinaire. Mais sans doute pas encore à inventer des histoires gourmandes !

Alors, d'ici samedi, j'ai trois options :
- trouver vite fait bien fait une idée pour écrire un autre texte qui, lui, me satisfasse (et qui respecte le thème) ;
- me désinscrire du projet et enfouir mon texte dans le tiroir du Grand Oubli ;
- poster mon texte tel quel et basta, tant pis pour ma fierté si aucun illustrateur ne veut l'illustrer.

Je refuse la deuxième option, car ce n'est pas mon genre de m'enfuir et baisser les bras.
Je n'ai plus l'illusion de trouver l'idée super que je n'ai pas eu jusque là et qu'il me faudrait inventer par miracle pour réaliser troisième option.
Alors il ne me reste que la troisième solution. Hum, pas facile...

dimanche 25 octobre 2009

Mille et un talents

Manola a réalisé la deuxième planche de l'histoire de Leïla, la princesse d'Orient dont les mille et une nuits ne sont traversées par aucun rêve.
C'est le début de l'histoire et la princesse Leïla est triste. Mais pour ma part, en tant qu'auteur, je n'éprouve absolument aucune compassion pour mon personnage et je suis au contraire super contente ! L'illustration de Manola est carrément géniale et ça me rend toute gaie. Pas vous ?

samedi 24 octobre 2009

Les possibles

Parfois tout le temps, je me demande si j'ai légitimement raison de vouloir écrire pour les enfants. Je ne suis pas institutrice, ni mère de famille nombreuse. Certes, certaines de mes histoires sont nées d'une conversation menée avec un petit assis sur mes genoux. Mais la plupart du temps mes histoires grandissent loin des enfants. Loin des enfants, mais peut-être pas loin de l'enfance. J'écris les histoires que j'aimerais lire, celles que j'aimerais qu'on me raconte le soir lorsque je me love dans la couette, ou bien celle que je trouve cachées au fond de moi, perdues peut-être dans ma mémoire d'enfant.
En vérité, je ne pense pas vraiment aux enfants quand j'écris une histoire. Bien sûr, je me dis abstraitement qu'il faut des mots simples et, lorsque je me relis, j'insère un point au milieu d'une trop longue phrase pour la rendre plus percutante. Mais lorsque le mot qui traduira exactement ce que je veux dire paraît un peu compliqué, je rechigne à en changer et à le remplacer par un synonyme qui visera la signification avec moins de justesse. Si seul ce mot veut dire ce que je veux dire, pourquoi en changer pour un moins bien ? Je n'aime pas trop les concessions lorsque j'écris. J'ai envie de croire que l'enfant qui, peut-être, me lira n'arrêtera pas sa lecture parce qu'il tombera sur un mot qu'il ne connaît pas et que, même dans son ignorance, il sera peut-être séduit par ce joli mot inconnu dont le sens ne lui dit rien, mais dont la musicalité déjà le séduit.
Je n'aime pas les voies directes - les morales bien pensantes et trop attendues, les équivalences claires du type "un paragraphe = une idée" (et pas une de plus). Je préfère les métaphores, les images insolites, les détours du style qui en trois mots ouvrent les significations au lieu de les enfermer. J'aime la simplicité, mais le simplisme m'ennuie. Les histoires dont je connais l'intrigue sans même les avoir lues me tombent des mains. Lorsque des expressions toutes faites menacent de se glisser sous mes doigts, je leur donne une claque pour qu'elles s'en aillent. Dans la lecture, comme dans l'écriture, j'aime être surprise. Et n'est-on pas bien souvent étonné par ce qu'on écrit soi-même ?
Alors, dois-je continuer de penser que je peux écrire pour les enfants ? Je ne sais pas, mais ce que je sais c'est que j'ai envie de croire qu'il n'y a pas seulement des livres pour les enfants, mais une littérature d'enfance. Pas seulement des quatrièmes de couverture indiquant des âges limites, mais de beaux textes qui peuvent être lus à tout âge et dans tous les sens.
Dans ma définition (informe et imprécise) de l'enfance, il y a un mot qui rejoint ma définition de la littérature. Ce mot, c'est possible. Pour un enfant, la vie est un grand champ de possibles. Sous la plume d'un écrivain, les mots mis ensemble ouvrent des possibles qui ressemblent à du réel sans en être. Tous ces possibles offerts, c'est ça que j'aime.



lundi 19 octobre 2009

Concours de paresse

A la maison, en ce moment, c'est concours de paresse. Voilà une semaine que ma flemme et moi nous nous sommes glissées au fond de la couette. J'ai bien essayé de convaincre ma flemme d'écrire à ma place, mais elle a prétendu n'avoir aucune idée et est replongée dans la couette (en m'entraînant bien sûr).

Je ne peux même pas dire que j'ai gagné le concours de paresse. Car j'ai une sérieuse concurrente :

... et en plus, moi, je suis trop grosse pour tenir roulée en boule sur un des radiateurs du salon !

lundi 12 octobre 2009

Voyage, voyages

Ce week-end, je suis restée enfermée entre quatre murs et un toit. Mais avec mon vieil ordinateur qui fait à peu près le même bruit qu'un avion A320 au décollage, je me suis envolée loin - très très loin. Je me suis promenée là, au milieu des cerisiers en fleurs du Japon :C'était tellement beau, tellement blanc, que j'avais l'impression d'avoir été transportée dans un paysage féerique. Il faut dire que le souvenir, parfois, sait rendre honneur à la réalité. Ou peut-être est-ce les mots qui sont capables de magnifier les souvenirs ?
Au retour de mon week-end japonais, Manola est venue me chercher depuis l'Italie pour m'emmener au pays des mille et une nuits faire de beaux rêves avec notre princesse Leïla : Je me suis laissée envoûtée par le parfum de l'encens et j'ai voulu m'endormir dans le magnifique palais de Leïla, la princesse de la nuit.

Conseil du jour anti-crise économique : si vous n'avez pas assez d'argent pour partir en vacances, écrivez ! (ou, variante : dessinez !) Quelques pages de Word sont parfois tout aussi dépaysantes qu'un charter avec décalage horaire, non ?

N.B. : la première photo a été prise par monsieur Moun en Corée du Sud, dans le village de Hahoe, en avril 2009. Les deux autres photos datent d'avril 2008 et ont été prises à Kamakura (Japon).
La superbe illustration a été réalisée par la Manola, bien sûr !

jeudi 8 octobre 2009

Princesse Leïla

J'ai un petit peu la tête ailleurs en ce moment. Et j'en oublie de vous annoncer que la princesse Leïla (celle qui ne rêve pas) a trouvé un joli visage sous les traits de crayons de la géniale Manola ! Voici sa première esquisse :
Manola m'envoie plein de soleil italien dans ses messages et elle a été super enthousiaste à l'idée de donner aux illustrations une ambiance orientale. L'histoire de la princesse Leïla devrait donc nous mener aux portes du Sahara. Sortez les verres de thé à la menthe et le narguilé ! J'ai hâte de voir les beaux dessins de Manola !

Sinon, le projet Ricochet, le septième du nom, baptisé "Tandem Jeunesse", c'est parti ! Le thème est "Cuisine et gourmandises". Pour le moment, on ne peut pas dire que je sois vraiment inspirée. Mais ce n'est pas grave, en attendant que les idées viennent, je mange des cookies au chocolat - histoire de me mettre en situation, n'est-ce pas !

mercredi 7 octobre 2009

"Totalement"

Il y a des habitudes qu'on prend malgré soi et qui arrivent parfois à vous brouiller le regard. L'autre jour, je reçois un mail d'un éditeur. Je clique. Ma tête lit "J'ai le regret de vous informer que votre texte..." Bla bla bla bla... Mais avant de lâcher un soupir (de résignation), ma tête dit soudain à mes yeux : "et oh, si vous lisiez quand même ?" Alors mes yeux lisent le début du mail. Ils lisent, relisent. Sont incrédules. Mais ils relisent encore une fois. Si si, c'est vrai ! Ce n'est pas une phrase avec une négation déguisée. Ce n'est pas un canular, non non !
Le mail commence bien ainsi : "Madame, c'est avec plaisir que nous vous faisons part de notre souhait d'éditer votre tapuscrit." Et plus loin, il se poursuit ainsi : "Votre travail s'inscrit totalement dans notre ligne éditoriale." Incroyable : il y a dans la phrase l'adverbe "totalement" et j'ai beau relire, non, décidément, je n'y vois pas de négation !
Il y a quelques mois, j'avais entrouvert le Tiroir du Grand Oubli pour y ressortir furtivement un manuscrit écrit il y a quatre ans tout juste : mon tout premier roman. Le pauvre dormait dans son tiroir depuis trois ans, prenant la poussière, et il faut croire qu'il avait envie de prendre l'air. Au final, ce vieux manuscrit ne devrait pas être déçu du voyage, car il devrait prendre un sacré bol d'air (même s'il s'agit d'une toute petite maison d'édition) !
Et moi il va falloir que je me relise. Quatre ans après, ouh là là, ça va être dur !

mercredi 30 septembre 2009

Serpentor

Voici le dernier né de la machine à coudre : j'ai nommé Serpentor !
C'est un doudou qui ne sert à rien : il est trop grand pour un lit d'enfant et véritable tue-l'amour pour un lit de parents (essayez donc de le mettre entre vous et votre mari dans le lit conjugal !).
Non, ce n'est pas un coupe-vent pour porte d'entrée (de toute façon, même pour ça, il est trop grand je vous dis !).

Et non plus, n'y voyez pas, s'il vous plaît, un symbole phallique (hum, on ne sait jamais, peut-être y a-t-il des lecteurs pervers parmi vous !) !

Mais sinon, monsieur Moun et moi, on l'aime bien ce Serpentor ! En plus, il fait peur au chat... alors, il a quand même une utilité dans la maison, n'est-ce pas ?!!

jeudi 24 septembre 2009

Des troupeaux de hasard

"L'enfant et l'artiste habitent le même pays. C'est une contrée sans frontières. Un lieu de transformations et de métamorphoses. Les mots y vivent en vrac, se quittent ou se rassemblent en troupeaux de hasard. Les chats y abandonnent des sourires en croissant de lune dans les feuillages. Les objets oublient leurs contours, s'ajoutent une ombre, changent d'usage, puis se fractionnent encore et forment des images nouvelles. Les reflets, le brouillard, la lumière y manifestent la solidité des gisements minéraux. Le fond et la forme s'échangent leurs places. Tout s'interpénètre et se sépare. Tout fait sens et mérite examen."
Elzbieta, L'Enfance de l'art, Éditions du Rouergue, 2005, page 9.

mercredi 23 septembre 2009

Intermède musical

Connaissez-vous les Zrofs ? Ce sont les Zorros de l'Education Nationale et ils ont trouvé une super façon de partager leur quotidien : le mettre en chanson !

Je viens de découvrir leur site et j'écoute toutes leurs chansons. J'adore !
Un petit échantillon :

"Dans notre collège"


Ou écoutez "Bac n'Dub", version rap du bac, dans un style différent.

Pas aussi incisif que les Fatals Picards, c'est vrai :
Mais vraiment plein d'inventivité ! Avec un petit côté artisanal que je trouve vraiment touchant !

mardi 22 septembre 2009

Des nuits sans rêve

Je ne dors pas très bien en ce moment. Mes nuits sont ultra peuplées, si bien que c'est à croire qu'il n'y a pas assez de place dans ma petite tête. Mais trop rêver, n'est-ce pas préférable finalement que ne pas rêver du tout ?
La pauvre Leïla, toute princesse qu'elle est, en fait la terrible expérience...
La princesse qui ne rêvait pas

Il était une fois une princesse qui s’appelait Leïla. Leïla avait tout pour être heureuse. Tout, sauf des rêves. C’est que Leïla, jamais, ne rêvait. Alors que tout le monde vit dans ses nuits de jolis songes ou de méchants cauchemars, Leïla, elle, n’avait jamais rencontré aucun rêve. Chacune de ses nuits n’était qu’un vaste et sombre désert de silence. À la tombée du jour, dès qu’elle fermait l’œil, Leïla s’enfonçait dans une brume épaisse. Lorsqu’elle ouvrait à nouveau les yeux le matin, elle n’avait strictement aucun souvenir de sa nuit.
Chaque matin, la mère de Leïla et tous ses frères et sœurs s’amusaient autour de la table du petit déjeuner en se racontant leurs rêves sans queue ni tête. Mais chaque matin, la princesse Leïla écrasait une larme dans le coin de sa joue. Car lorsque sa mère la Reine lui demandait : « Et toi, Leïla chérie, de quoi as-tu rêvé ? », Leïla, invariablement, devait avouer la terrible vérité : « Moi, je n’ai rêvé de rien ! » Et sa larme venait se noyer dans son bol de chocolat au lait.
Mais un jour, le père de Leïla ne supporta plus de voir ainsi sa fille si triste. De sa voix haute et claire de roi, il déclara :
Oyez, oyez, braves gens ! J’offrirai ma fille Leïla à marier à l’homme qui saura donner enfin des rêves à ses nuits !
To be continued...
Si vous voulez connaître la suite des aventures de Leïla et faire connaissance avec les princes qui vont tenter de lui dénicher des rêves, envoyez-moi un petit mail !
En attendant, je me tâte (ouille !) pour savoir la destination de cette petite histoire : tiroir du Grand Oubli ou pas ?

mercredi 16 septembre 2009

Souffle, souffle !

Lorsque j'étais sur mon vélo cet été, dans le grand Nord danois, ça soufflait dur ! Un vent fort et sans trêve qui venait de la mer du Nord et emmêlait mes cheveux. Bien sûr, ça m'a donné envie d'écrire une histoire ! Une histoire pour parler de la propriété étrange de cet élément naturel : on voit les conséquences du vent sur les choses et les êtres, mais le vent, lui, jamais on ne le voit. N'est-ce pas un peu comme l'amour ?

Alors voilà, j'ai essayé de me souvenir du souffle du vent et j'ai écrit une petite histoire. Mais, hum, hum, je n'en suis pas vraiment contente (euh, qui a dit que je n'étais jamais contente de ce que je fais ?!!) ! Je me demande s'il s'agit d'une histoire ou bien d'une sorte de long poème. Je me demande aussi à qui ce texte pourrait bien s'adresser. Et puis j'ai peur que certaines formulations soient un peu lourdes (un peu trop poético-lyriques, quoi !).
Vous en pensez quoi ? Dites-moi ! Je suis prête à (presque) tout entendre !

Souffle, souffle !


Souffle, souffle, joli vent de printemps !
Là, furtivement sous mon nez, avoue-moi tes secrets !

Je sens les bouquets colorés que tu fleuris le long de mon chemin.
Je sens les embruns de l’océan que tu remues au creux des vagues.
Je sens les rêves mystérieux sur lesquels tu fais s’envoler mon cœur.

Mais toi, joli vent de printemps, où es-tu ?
Tu as porté jusqu’à moi un parfum inconnu aux couleurs d’amour. Puis tu as continué de souffler, sans que je puisse savoir à quoi ressemble ton odeur.
Maintenant je sens battre dans mon cœur un tout nouveau parfum doux et sucré. Je le rencontre pour la première fois.


Souffle, souffle, doux vent d’été !
Là, doucement sous mon regard, montre-moi tes secrets !

Je vois le sable que tu fais tourbillonner tout en haut de la dune.
Je vois mes cheveux qui virevoltent dans ton air salé.
Je vois la girouette qui danse au sommet du phare.

Mais toi, doux vent d’été, où es-tu ?
Tu as amené jusqu’à moi le bateau de l’homme au parfum inconnu. Puis tu as continué de souffler, déposant sur ma joue ta brise, douce comme la caresse d’une bise.
Maintenant je vois sur mon visage le sourire que m’a offert le marin inconnu. Et je regarde sur ses lèvres le sourire que je lui ai rendu.

Souffle, souffle, furieux vent d’automne !
Là, violemment à mes oreilles, révèle-moi tes secrets !

J’entends ton hurlement lorsque tu cherches à te faufiler entre les persiennes des volets.
J’entends ta folie lorsque tu fais battre les voiles du navire de mon marin.
J’entends ta colère lorsque tu remues dans la nuit les vagues de la tempête.

Mais toi, furieux vent d’automne, où es-tu ?
Tu as soulevé le bateau de mon marin bien aimé. Puis tu as continué de souffler, sans que personne ne puisse jamais t’arrêter.
Maintenant j’entends le chant des sirènes qui, du fond des océans, cherchent à séduire mon amoureux et à le retenir à tout jamais loin de moi.


Souffle, souffle, cruel vent d’hiver !
Là, tristement sous mes doigts, rends-moi tes secrets !

Je touche du bout de mes doigts la photo de mon amoureux disparu.
Je touche du bout de ma douleur le vide que tu as laissé dans mon cœur.
Je touche du bout de ma solitude l’absence que ta fureur a creusé au fond de moi.

Mais toi, cruel vent d’hiver, où es-tu ?
Tu m’as arrachée à mon marin bien aimé. Puis tu as continué de souffler, sans me permettre de lui annoncer notre espoir d’avenir.
Maintenant je touche dans une caresse mon ventre arrondi. Et je n’ose croire à ce nouveau secret.


Souffle, souffle de nouveau, joli vent de printemps !
Là, délicatement dans ma bouche, savoure avec moi mon secret enfin révélé !

Je goûte aux lèvres de mon amoureux revenu.
Je goûte aux tendres baisers retrouvés.
Je goûte à la saveur de l’amour qui, du fond des mers, est remontée.

Oh toi, joli vent de printemps, enfin tu es de retour !
Je n’ai pas réussi à te capturer. Toujours, sans t’arrêter, tu as continué de souffler.
Mais un matin de printemps tu m’as laissée rattraper l’amour que tu m’avais offert.
Du haut de ma dune, j’ai vu les voiles du bateau de mon amoureux.
Du haut de mon phare, j’ai entendu la voix de mon amoureux.
Du haut de mon espoir, j’ai senti le parfum salé de mon amoureux.
C’est toi, joli vent de printemps, qui, dans ton souffle me ramenait mon amour !
Continue de souffler, grand vent des quatre saisons ! Peut-être nous apporteras-tu à l’été prochain le joyeux rire d’un enfant !